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Chasseurs de fantasmes

samedi 17 avril 2010, par Maestro

Jeanne-A DEBATS (1965-) & Michaël FONTAYNE

France, 2009

Griffe d’Encre, coll. "Anthologie", 218 p.

ISBN : 978-2-917718-13-1

Cette anthologie se place dans la filiation des deux recueils parus au tournant des années 1990-2000 chez Millénaires, Eros Millenium et Cosmic Erotica, tous deux dirigés par Jean-Marc Ligny. La thématique centrale est en effet de voir ce que donne la fécondation de l’imaginaire par l’érotisme (ou le contraire, la position étant bien évidemment libre !).

Sans être désagréables, plusieurs textes arpentent globalement des sillons déjà labourés. « Vieillir d’amour » d’Ayerdhal est ainsi une histoire d’apprentissage de la sexualité entre un adolescent et une trentenaire amante de sa mère, l’originalité étant que la première soit dotée d’un pouvoir télépathique ; une variante sur le thème du vampirisme au final sympathique. « (R)êve » de Lucie Chenu semble très inspirée par le mythe de Pygmalion, avec son portrait d’une artiste sculptrice qui, utilisant des nanomachines censées apporter à ses créations un impact émotionnel bien concret, se retrouve en proie à une attraction sexuelle autodestructrice ; on aurait aimé davantage d’audace autrement que par les descriptions de cul. Léni Cèdre, auteur de « Il tirait son glaive dans les nues », choisit de mettre en scène ange et démon, dans une dépravation de l’innocence relativement gratuite. « Thaïs sur la mauvaise pente », de Benoît Giuseppin, ressemble a priori à un road movie amateur de clichés (la prostituée capable de lire l’avenir dans la fellation, l’ermite religieux adepte de la flagellation), mais son rythme bien mené et sa chute iconoclaste vis-à-vis des puissances célestes le sauve clairement de la médiocrité.

D’autres nouvelles ont un goût d’inachevé qui provoque frustration et déception à leur lecture. Il en est ainsi de « La trace de l’homme », signé d’Anne Viélan, récit d’une prise en charge par des humains d’une planète extra-terrestre dépourvu à la fois d’explications et d’originalité. « Simulation Love » de Li-Cam met en scène une relation amoureuse entre humain et IA, mais d’une manière tellement superficielle qu’elle en oublie toute crédibilité. M.L. Schultze et « L’anémone » ne doit absolument pas vous évoquer Boris Vian : sale, à l’écriture outrageusement familière, il ne s’agit là que de pornographie tournant à vide. Enfin, « Les autres », de Christian Vila, renoue avec le caractère cru de ce que l’auteur pouvait produire dans les années 1970 : son histoire d’envahisseurs adeptes de la chair humaine est surtout un moyen d’étaler scènes de sexe hard et sanguinolentes, avec une révélation provocatrice mais absolument pas convaincante.

Les meilleurs textes sont, selon nous, ceux de Jean-Claude Dunyach et du duo Sable et Sinople. « Les langages de la peau » du premier possède cette émotion et cette sensibilité qu’on lui connaît, à travers une belle métaphore de l’usure du couple et de la relation corporelle. Simplement touchant. Quant à « Naufrage », il s’agit d’une histoire de colons naufragés ayant perdu toute capacité reproductive : classique, certes, mais efficace, avec son ode à l’ouverture aux autres, à la liberté sexuelle et à l’antiracisme, et surtout sa narration centré tour à tour sur les deux principaux protagonistes. On pourrait également y rattacher « Les éphémères » de Jean-Michel Calvez, évocation assez poignante d’une espèce qui doit mourir pour donner la vie, une déclinaison de l’orgasme comme petite mort plutôt attachante, quand bien même ses scènes d’accouplement en apesanteur ont un côté qui frôle le ridicule…

Un recueil assez inégal, donc, que l’on ne pourra que con-seiller à ceux qui ont en-vit de prolonger le plaisir…

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