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C’est arrivé mais on n’en a rien su

... et si j’avais su j’aurais pas venu !

samedi 24 avril 2010, par Maestro

Jean-Pierre ANDREVON (1937-)

France, 1984

Denoël, coll. "Présence du Futur", 224 p.

C’est arrivé mais on n’en a rien su est un recueil de onze nouvelles (dont sept totalement ou partiellement inédites) ayant pour thèmes fédérateurs l’absurde et l’histoire secrète, mais sur un mode foncièrement humoristique. On y retrouve ainsi toute la verve anticléricale d’Andrevon, que ce soit avec « Nativité », histoire trash de la naissance de Jésus, simple enjeu d’un conflit extra-terrestre, ou « Ce sacré putain de déluge vu de cette sacré putain d’arche », variante du mythe de Noé avec force boisson, sexe et violence. L’arche de Noé est également en vedette de « Les présents », variante contemporaine assez peu convaincante, et « L’arche de Marcel Dupond », nettement plus amusant, de par sa perspective chronologiquement opposée… « Le dernier film » se veut pleinement non-sensique, le tournage du film dont le narrateur est un des figurants se déroulant d’une manière bien trop réaliste : la réalité devenant finalement pire que le pire des scénarios de cinéma ?

« Ils sont rev » est un autre de ces récits déclinant une des préoccupations majeures d’Andrevon, l’écologie, avec ce tableau presque absurde du retour des dinosaures et de la végétation dans notre monde moderne. Il en est de même avec « Le géant du froid », où cet immense créature glacé venu agoniser sur le Danemark semble incarner la métaphore d’une nouvelle glaciation, démonstration de la supériorité de la nature sur l’homme. « Notes pour une chronologie succincte de l’histoire de la conquête de l’espace » relate les pérégrinations spatiales de l’humanité depuis la Préhistoire, une chronique que l’on peut lire comme un pied de nez aux tenants de l’histoire mystérieuse, ici poursuivie jusqu’à l’absurde (et que d’idées de récits de SF égrenées !). La seule uchronie véritable est « L’anniversaire du Reich de Mille Ans », qui se centre sur la célébration du premier millénaire du IIIème Reich, en prenant au pied de la lettre la prédiction d’Hitler pour mettre en exergue l’immobilisme sociétal qu’il incarne.

Mais un des textes les plus profonds est assurément « Qu’est-ce qu’il faisait, le jeune docteur Frankenstein, en mai 81 ? Et en mai 68 ? » : l’auteur y imagine l’évolution de Boris Vian, Gérard Philippe et Albert Camus s’ils n’avaient pas été trop tôt fauchés par la mort, l’occasion de témoigner d’un certain pessimisme, en pleine désillusion de gouvernement de la gauche… « Le bassin aux triphoniae » peut également y être rattaché, dans la mesure où l’intrigue se déroule en une sorte de redite de Mai 68, dans une ville quelconque de province ; néanmoins, cette rencontre entre le narrateur et ces créatures amphibiennes aux origines mystérieuses demeure finalement, par choix, sous exploitée, gardant sa part d’incertitude et de poésie. C’est arrivé mais on n’en a rien su est finalement un recueil plutôt secondaire dans l’œuvre d’Andrevon, en dépit de quelques textes plus marquants.

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