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TOUT SPLIQUES ETAIENT LES BOROGOVES

dimanche 28 mars 2010, par von Bek

Daniel LECOMTE

France, 1970

Eric Damain, Laurence Debia, Jean-Roger Caussimon, Pierre Didier, Muse Dalbray

Les Borogoves ne sont plus smouales, ils sont spliques. La perte de ce substantifique état mériterait une splication que malheureusement il n’est pasmi de difabouiller. S’il n’existe pas une version française mais plusieurs du poème Jabberwocky, tiré d’Alice de l’autre côté du miroir, pourquoi ne pas avoir conservé celle choisie par Boris Vian pour sa traduction de la nouvelle originale de Catherine L. Moore et Henry Kuttner [1], « Minsy were the Borogoves » (1943) ? C’est d’autant plus intriguant, que, tout en élaguant le préambule futuriste de la nouvelle, le téléfilm de Daniel Lecomte en constitue une adaptation assez fidèle quoique traînant en longueur.

Préparés psychologiquement à explorer d’autres mondes par une visite au planétarium, les enfants Thérazeau ne pouvaient que bien accueillir les étranges objets découverts par Philippe, l’aîné, dans la neige près de l’hôtel familial. En partageant ce qui semble bien être des jouets avec sa jeune soeur Sylvie, il met le pied dans un autre monde dont le frère et la soeur ouvriront la porte ensemble. Dans un premier temps, monopolisé par la saison touristique qui bat son plein et des projets immobiliers ambitieux, le couple Thérazeau ne prête pas garde à la passion qui anime sa progéniture, puis s’en inquiète sur le tard, faisant appel à l’un de leur client (Jean-Roger Caussimon), éminent spécialiste de la psychologie infantile qui s’engage à surveiller la jeunesse mais déconseille de les priver des objets. Bien mal lui en a pris : les gamins se volatilisent quasiment devant les yeux paternels.

Fidèle jusque dans sa conclusion, Tout spliques étaient les borogoves n’oublie pas l’hommage à Lewis Carroll, ici incarné par une autre cliente de l’hôtel, très imaginative, qui initie Sylvie aux aventures d’Alice. En plus des faibles moyens requis pour sa réalisation, c’est sans doute son issue, dramatique pour des parents, mais pleine d’interrogations et laissant une grande liberté d’imagination, qui explique l’adaptation française de la nouvelle, alors qu’en dépit de sa célébrité anglo-saxonne, l’Amérique n’a cru bon de se pencher dessus qu’en 2007 [2], à moins qu’un épisode méconnu de la fameuse série La quatrième dimension n’ait pallié ce manque. Le sujet a quand même suffisamment inspiré le 7e art français pour qu’une autre adaptation, beaucoup plus courte, ait vu le jour en 1991 [3]. Un raccourci qu’on imagine heureux car la longueur est bien ce qui pèche dans le téléfim de Daniel Lecomte.


[1On peut la trouver notamment dans le recueil Histoires de la 4e dimension, LDP, 1983, p.

[2cf. Robert SHAYE, Mimzy, le messager du futur, 2007.

[3Les borogoves ne sont alors plus spliques : ils sont mivoles !

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