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Le barde du futur

samedi 17 juillet 2010, par von Bek

Poul ANDERSON (1926-2001)

Etats-Unis, 1947-1961

Presses Pocket, 1988, 353 p.

Le barde du futur semble un titre qui s’imposait naturellement pour ce volume du Grand temple de la science-fiction dévolu à Poul Anderson. Outre la référence à la civilisation celtique chère à l’auteur américain, le titre renvoie d’abord à celui français de la nouvelle « Le chant du barde » (The Goat Song, 1972), récompensée du prix Hugo et du prix Nebula. Paradoxalement, la dite nouvelle est absente du recueil, ainsi que toutes celles qui ont été récompensées par un prix Hugo ou un prix Nebula. De fait toutes les nouvelles sont antérieures à 1962, quand Poul Anderson a reçu son premier Hugo en 1961, pour la nouvelle « Long cours » (1960).

Sans aller jusqu’à parler d’écrits de jeunesse, force est de reconnaître que Poul Anderson est encore un jeune barde dans ce volume. Y figure d’ailleurs son premier texte publié « Les enfants de demain ». Alors que les éditions du Bélial’ s’emploient à publier un recueil réunissant justement les meilleurs textes, dont les fameux « Long cours » et « Chant du barde », il est bon de se pencher à nouveau sur ce Barde du futur de peur que le barde dans sa jeunesse ne soit bâillonné, selon une vieille coutume gauloise.

L’un des objectifs avoué par Marc Duveau, qui dirige le volume et en a rédigé la préface et les courtes présentations des textes, a été de montrer la grande diversité des talents de conteurs de Poul Anderson en passant en revue la grande variété des thèmes abordés sans perdre jamais de vue sa capacité à divertir ses lecteurs. De fait, Le barde du futur passe de visions de fins du monde particulièrement pessimistes comme « Les enfants de demain » et « Epilogue » à des récits franchement humoristiques mais sur des tons très différents comme « Le barbare » ou « La critique de la raison impure », avec une nette prédilections pour le caustique, n’épargnant pas les piques envers les travers de la société contemporaine, comme le monde de l’édition dans la dernière nouvelle citée.

Les textes publiés abordent des thèmes science-fictifs aussi divers que la fin de l’humanité sur la Terre, le voyage temporel (« Interdiction de séjour »), les robots (« La critique de la raison impure », récit de problème avec un robot récalcitrant), les contacts avec les extra-terrestres que ces contacts soient conflictuels à des degrés différents (« Le martyr », tentative d’arracher des savoirs plus avancés et « Duel sur la Syrte », récit d’une chasse sur Mars) ou non (« Terriens, prends garde ! » est le devenir d’un extra-terrestre naufragé sur Terre) et même la politique et la révolution (« Sam Hall » évoque la rébellion d’un haut fonctionnaire d’un Etat policier). A l’instar de ceux de sa génération, la science-fiction de Poul Anderson est science et fiction, d’où un réel souci de sa part de nourrir son récit de raisonnement et de mécanisme scientifique. Il va parfois très loin comme dans « Epilogue » où il imagine une nouvelle forme de vie sur la planète Terre, même s’il ne parvient pas à éviter tout à fait un certain anthropomorphisme. A noter que cette nouvelle se veut la conclusion, comme l’indique son titre, d’une série ouverte avec « Les enfants de demain » mais dont les deux autres oeuvres intermédiaires ne figurent pas dans le recueil.

L’heroic fantasy est aussi présente et avec des résultats très réussis comme « Le barbare », un pastiche qui n’hésite pas à lancer une gentille pique à deux maîtres du genre, Robert Howard et Lyon Sprague De Camp, ou « La vaillance de Cappen Varra ». Poul Anderson a donc plusieurs cordes à son arc. Pour autant tous ses personnages sont des battants, parfois con d’ailleurs, mais pas toujours victorieux comme le prouve celui d’« Interdiction de séjour ». Réunies, les nouvelles dressent en filigrane la silhouette d’un auteur le regard tourné vers la Frontière.

Enfin, les textes ont des formes très différentes. Leurs longueurs varient et tous ne cultivent pas le même art de la chute, spécificité du genre. « Interdiction de séjour » semble d’ailleurs sur ce point la nouvelle la plus réussie.

Le barde mérite en tout cas qu’on le laisse chanter car son lectorat ne pourra que lui donner son satisfecit quand il aura refermé le volume.

Titre français Titres originaux Année de publication Pagination
Préface : le merveilleux et la liberté 1988 p.7-16
01 Les enfants de demain Tomorrow’s Children 1947 p.17-58
02 Epilogue Epilogue 1961 p.59-128
03 La critique de la raison impure The Critique of Impure Reason 1962 p.129-157
04 Le barbare The Barbarian 1956 p.158-169
05 La vaillance de Cappen Varra The Valor of Cappen Varra 1957 p.170-188
06 Terrien, prends garde ! Earthman, Beware ! 1951 p.189-218
07 Le martyr The Martyr 1960 p.219-246
08 Duel sur la syrte Duel on Syrtis 1951 p.247-270
09 Interdiction de séjour My Object All Sublime... 1961 p.271-283
10 Sam Hall Sam Hall 1953 p.284-330
Bibliographie chronologique p.331-353

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