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EMPRISE
Divan ou divin ?
samedi 30 juillet 2005, par
Réalisateur : Bill PAXTON (1955-)
Année : Etats-Unis, 2001, Frailty
Acteurs : Bill Paxton, Matthew McConaughey, Powers Boothe, Matthew O’Leary, Jeremy Sumpter
Décidément, les gens du Texas ne sont pas fréquentables. On connaissait la famille de Leatherface, la famille Ewing et la famille Bush. Il faudra y ajouter désormais les Meeks. Des gens de bonne volonté certes, mais complètement illuminés.
Emprise (à ne pas confondre avec L’emprise, de Sydney J. Furie) a l’air d’un petit film, c’est un bon petit film. A voir car il sort vraiment de l’ordinaire. Papa Meeks, veuf, élève ses deux fistons comme il le peut jusqu’au jour où il a un message du Très-Haut. Sa mission ? Ni plus ni moins jouer à Buffy : casser du démon avec ses moutards. On assiste alors à une chute dans l’horreur morale (car Bill Paxton reste léger sur le sang et que c’est déjà assez trash comme ça). L’aîné des deux fils vivra un calvaire visant à le convaincre du bien-fondé de l’activité du reste de sa famille. Car la question essentielle posée par le film est là : y croire ou pas. Et jusqu’où aller quand on y croit.
Questions auxquelles le film a sa réponse, ce qui est assez rare pour être remarqué. Contrastant avec l’ambiance de plus en plus malsaine, la réalisation reste très calme, montée en classique flash- back. Au point même de fournir quelques moments involontairement surréalistes : si vous voulez vous en faire une idée, imaginez une apparition divine sur fond de musique country. Le point de vue narratif frappe par son choix radical. Et pourtant, on continue à se mettre du côté de ceux qui prennent les destructeurs de démons pour des fous. Hérétiques que nous sommes, à ne pas voir la vérité que n’arrête pas de montrer la caméra. Un jeu amusant sur le lien que nous faisons entre ce que nous voyons et ce que nous croyons. Devant la télévision, au quotidien, l’analyse qu’on pourra en faire est beaucoup moins évidente. L’histoire de cette famille semble toute tracée, au détail final près, qui oblige le spectateur à tout reconstruire a posteriori, façon Usual Suspects ou Le Sixième sens. Mais on commence à avoir l’habitude. Une très bonne note aux acteurs, excellents dans leurs rôles respectifs, d’autant que les deux enfants doivent vivre et faire vivre des moments atroces.
Il faut aborder enfin la crédibilité de l’hypothèse du film : des gens à qui Dieu demande de faire le sale boulot. Un chrétien dirait que le message divin d’amour et de pardon n’a rien à voir avec ce qui nous est montré. Et un non-croyant comme moi dirait à Dieu de s’occuper lui-même de faire le ménage dans Sa création.