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Les prédateurs enjolivés

samedi 24 juillet 2010, par Maestro

Pierre CHRISTIN (1938-)

France, 1976

On a tendance à l’oublier, mais en plus d’être un scénariste de BD réputé (Valérian, en particulier), Pierre Christin est également un romancier, qui a ainsi signé plusieurs textes, dont des nouvelles, au cours de la foisonnante décennie des années 70. Dans Les prédateurs enjolivés, il dresse un tableau de notre monde au lendemain d’un effondrement de la civilisation qui demeure mystérieux, en sept chapitres qui sont autant de situations différentes, d’individualités diverses, avec un unique point commun : la noirceur.

Car cette fin du monde annoncée est aussi sombre que du bitume. Déprime des personnes, immolation d’une jeune femme à l’amour non partagé, naissance de bébés monstrueux (ce qui laisse supposer un embrasement nucléaire, même partiel), massacres en tout genre (le suicide indirect d’une famille d’un ancien magnat de l’industrie agro-alimentaire est particulièrement réjouissant, humour noir qui fait rire jaune), cannibalisme, tortures diverses et variées (comme nourrir quelqu’un de force à l’aide d’aliments pour chien), la liste est longue et éprouvante ! Témoignage d’un pessimisme profond sur la nature humaine et ce qu’elle peut engendrer de pire, ce roman ne laisse aucun interstice à l’espoir. Les efforts désespérés de quelques survivants du pouvoir, toujours en trompant les masses, pour maintenir un semblant d’ordre font long feu, finissant toujours par une forme de totalitarisme, et la barbarie, avec sa loi de la jungle, triomphe perpétuellement.

Que ce soit dans le cadre d’une ville devenue terrain d’affrontement ; à l’intérieur d’une propriété protégée dont les occupants finissent par s’entretuer autour de réserves de nourriture ; dans de curieux blocs censés être étanches d’un extérieur nocif où la population féminine a perdu ses attributs sexuels et se contente de conserver aveuglément l’usage de langues autrefois vivantes ; au sein d’une communauté autogérée et anarchisante qui laisse la nuit s’exprimer ses pulsions de violence avant d’être exterminée ; dans une cité souterraine, Zéro (sic), utopie devenue cauchemar totalitaire et rationnalisateur, qui sera supprimée par une révolution s’apparentant à un coup d’Etat mené par le chef de la police afin de reconquérir la surface ; avec quelques cellules de survivants dégénérés de l’espèce humaine, enfin, qui se réfugient dans le rêve avant d’être peu à peu assassinés par des humains qui refusent l’avilissement physique, mais recommencent tout dans le sang…

Un roman noir, diabolique, mais en même temps terriblement captivant.

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