Accueil > TGBSF > D- > Dimension Stableford

Dimension Stableford

samedi 11 septembre 2010, par Maestro

Brian STABLEFORD (1948-)

France, 2010

Black Coat Press, coll. "Rivière blanche", 300 p.

ISBN : 978-1-935558-54-5

Brian Stableford est un écrivain britannique à l’activité particulièrement prolifique : outre un grand nombre de nouvelles et de romans (citons par exemple sur notre site L’extase des vampires ou Les loups-garous de Londres), il s’est imposé par un travail colossal d’érudition consacré à la première science-fiction française et au fantastique hexagonal, qu’il s’efforce de mieux faire connaître au public anglo-saxon. Son travail de présentation du Jean Diable de Paul Féval, récemment traduit en français chez Rivière blanche, justement, suffit à le démontrer.

Cette Dimension Brian Stableford est donc un moyen de mieux connaître son oeuvre de nouvelliste, puisque le volume rassemble neuf de ses textes, couvrant la période 1991-2008, dont trois sont totalement inédits en français. Plus que son style, c’est la profondeur de ses réflexions qui singularise la prose de Stableford. A travers des cadres seulement esquissés, presque de l’ordre du merveilleux, on est invité à s’interroger sur la nature de l’art (la peinture possiblement mortifère de « L’exposition secrète »), sur celle du mal (à la fois banal et relatif dans « Le mal que font les hommes », claire condamnation du fanatisme religieux, ou décalé dans « L’élixir de jouvence », avec ces cadavres dont on n’hésite pas à se servir pour prolonger sa vie) ou de la vie (« La grande chaîne de la vie », une des nouvelles les plus émouvantes, avec sa métaphore de la mort comme élément de la vie).

Doté d’une impressionnante culture, Brian Stableford prend un malin plaisir à réutiliser des mythes, à les détourner et les retourner sans se laisser arrêter par les frontières apparentes des genres. « Les flûtes de Pan » est ainsi une transposition du refus de grandir incarné par Peter Pan dans le monde d’un proche avenir, une Terre où les enfants sont programmés pour ne jamais devenir adulte afin d’éviter toute surpopulation. « Le sauvetage du Titan », déjà publié dans Les compagnons de l’ombre 3, est une galerie de personnages presque excessive par sa démesure, tandis que « Après l’âge de pierre », le plus amusant, met en scène des vampires étonnants, puisqu’en se nourrissant, ils permettent de résoudre ce problème si actuel du surpoids ! Il n’oublie pas non plus de se faire plus directement critique de notre réalité contemporaine, puisque « L’homme qui inventa le bon goût » est une vision effrayante des potentialités de la science -ici, prête à une uniformisation mécanique pour résoudre le problème de l’alimentation- et plus encore du totalitarisme de la publicité.

Quant à « Les immortels de l’Atlantide », le doute qu’il laisse planer au sujet des opérations scientifiques de l’homme aux cheveux blancs permet d’illustrer à merveille l’insatisfaction éprouvée par bon nombre de nos contemporains sur l’absence d’épanouissement dans nos sociétés de consommation. On peut regretter l’absence d’une bibliographie et d’articles d’analyse rédigés par d’autres auteurs, sans doute, à l’image du plus varié Dimension Dorémieux, mais cette anthologie n’en demeure pas moins d’un grand intérêt.

Un message, un commentaire ?

Forum sur abonnement

Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d'indiquer ci-dessous l'identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n'êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.

Connexions'inscriremot de passe oublié ?