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KABOOM
Secte in the Cité U
samedi 16 octobre 2010, par
Gregg ARAKI (1959-)
Etats-Unis, 2010
Thomas Dekker, Haley Bennett, Juno Temple, Chris Zylka, Roxane Mesquida, Kelly Lynch, Brennan Meija, James Duval, Nicole LaLiberte, Jason Olive
Depuis son arrivée en cité U, Smith, homosexuel à voile et à vapeur, fait toutes les nuits un même rêve, qui précède de peu celui où il se tape son colocataire, Thor, un surfeur blond hétérosexuel absolument pas pudique. Dans son rêve figurent ses proches, sa mère, Stella, sa meilleure amie lesbienne mais aussi des filles qu’il ne connaît pas. Jusqu’à ce qu’il les rencontre dans la réalité, elles, et d’autres personnes qui font basculer la vie de Smith dans un non-sens cauchemardesque et une succession de baises : Stella est harcelée par son amante dotée de dons paranormaux ; une jeune fille rousse est aux prises avec de mystérieux hommes aux masques d’animaux qui s’en prennent à lui aussi ; sa nouvelle amie, London, semble dans un premier temps seulement intéressée par ses talents sexuels ; un sculptural nageur le branche sur une plage nudiste ; pour finir le messie, un vague écho de Bob Marley et du Christ, réputé gros consommateur de marijuana, semble vouloir attirer son attention. Alors que son 19e anniversaire approche, la vie devient très compliquée.
Gregg Araki a dû balancer tous ses fantasmes dans Kaboom avant de faire exploser la planète dans une apocalypse nucléaire finale, véritable métaphore orgasmique pas très originale, le tout noyé dans le sexe : pouvoirs psychiques, harcèlement, enquête policière, secte, théorie du complot, tout y passe à la moulinette. On retrouve un peu le film des frères Larrieu, Les derniers jours du monde, croisé avec l’impression de non-sens du Southland Tales d’un Richard Kelly qui aurait été en méforme. Aux premiers, Kaboom emprunterait le vécu d’une fin du monde qui s’installe perçu au niveau du quidam joué par Matthieu Amalric donc sans compréhension des évènements. Buñuel n’est encore une fois pas très loin, cette fois sous forme d’extraits de son Chien andalou.A Kelly, il emprunterait le complot visant à la destruction du monde. Si le message est bien celui qu’a compris Matthieu Carratier [1], à savoir un hédonisme pur, alors c’est encore moins original ! Il y a de l’Eyes Wide Shut dans ce film, impression personnelle peut-être suscitée par les hommes masqués et l’abondance de scène de sexe. Ce n’est pas pour autant que Gregg Araki est un nouveau Kubrick.
Il a quand même eu le souci d’essayer de donner une cohérence et une explication rationnelle à toutes les ficelles tirées et tant pis pour l’hommage à David Lynch qu’il revendiquait. Une honnêteté qui ne sera peut-être pas du goût de tous les spectateurs.
Les acteurs - tous beaux gosses et bien foutus, comme dans la vraie vie, c’est bien connu - évoluent dans le décor d’un campus au design ultra-moderne très froid, blackberry perpétuellement à portée de main comme des adolescents du XXIe siècle nombrilistes se doivent d’être. En ce sens, c’est bel et bien un Teen movie puisqu’il aborde des préoccupations de cette classe d’âge, dont beaucoup, comme l’absence de père, relève de la psychologie de bas étage. C’est tellement excessif qu’on se prend à penser que le réalisateur a voulu se moquer d’une classe d’âge en général et de sa propre filmo en particulier.
Petite réussite, la bande originale va puiser allégrement dans l’électro-rock ou le rock alternatif britanniques et conclut sur le Bitter End de Placebo. (Punk final)
[1] Première, n°404, octobre 2010, p.45