Accueil > BDSF > Jour J > Les Russes sur la Lune !
Les Russes sur la Lune !
samedi 27 novembre 2010, par
Dessin : Philippe BUCHET (1962-)
Scénario : Fred BLANCHARD (1966-), Fred DUVAL (1965-), Jean-Pierre PECAU
France, 2010
Delcourt, coll. "Neopolis", 56 p.
ISBN : 978-2-7560-1866-9
L’uchronie a le vent en poupe. Outre les ouvrages de référence signés d’Eric Henriet, les romans continuent de sortir régulièrement,notamment dans ce créneau particulier de la fantasy historique, et la BD multiplie à son tour les parutions. La collection « Jour J » en est assurément un des plus beaux fleurons, avec cette particularité de proposer pour presque chaque volume des histoires indépendantes, toutes basées sur des points de divergence distincts, qui sont autant de jours J.
Cet épisode inaugural imagine ainsi l’échec de la mission Apollo XI, détruite par une micro météorite, ce qui a permis aux Soviétiques (plutôt qu’aux Russes) de débarquer les premiers sur notre satellite, au mois de septembre 1969. Ne souhaitant pas leur laisser cette exclusivité, les Etats-Unis parviennent également peu après sur la Lune, et les deux super-puissances y installent chacune une base. Mais en cette fin de décennie seventies, l’absence de contact prolongé avec Galaktika, la base soviétique, pousse le Kremlin à y envoyer Sasha Nicolavitch Joukov afin d’élucider ce mystère.
Le problème de ce scénario tient essentiellement à deux éléments : son invraisemblance, et son caractère trop naïf. En effet, les astronautes et cosmonautes présents sur la Lune semblent bien loin d’une sélection draconienne effectuée sur Terre, de par leur manque de rigueur militaire et de conformité idéologique. Et que dire du personnage principal, alcoolique et rebelle notoire, pourtant sélectionné pour une mission de la plus haute importance ? Quant au côté naïf, on le trouve dans cette idée d’un enfant fruit de l’union d’une astronaute et d’un cosmonaute, capable à lui seul de déclencher la chute du bloc de l’est une dizaine d’années plus tôt que dans notre réalité.
Le potentiel offert par le point de divergence retenu est donc au final nettement sous-employé. Bien sûr, on note quelques clins d’œil amusants à 2001 ou même à Star Wars, mais cela ne suffit pas à rendre cette BD incontournable, loin de là, d’autant que le graphisme lui-même demeure relativement basique ; l’élément le plus réussi étant finalement la couverture, évocatrice d’un magazine grand public comme Paris-Match. La suite de la série est heureusement plus réussie.