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Drone
samedi 4 décembre 2010, par
Neal ASHER (1961-)
Grande-Bretagne, 2008, Shadow of the Scorpions
Fleuve Noir, coll. "Rendez-vous ailleurs", 2010, 304 p.
ISBN : 978-2-265-08916-7
Paru la même année que Voyageurs, lui aussi sorti dans le collection « Rendez-vous ailleurs », Drone -sous titré « Une aventure de Ian Cormac, agent du Polity »- apparaît de prime abord comme radicalement différent. Dès les premières pages, on se retrouve en effet plongé dans un space opera d’obédience classique, qui n’est pas sans évoquer l’univers de Starship Troopers.
Ian Cormac est un fantassin ayant fait le choix de s’engager afin d’affronter les Pradors, une espèce extra-terrestre à l’apparence de crustacés géants. Bien que la guerre avec eux soit désormais terminée, quelques poches de résistance demeurent à nettoyer. Avec ses coéquipiers, le monomaniaque Carl et la fougueuse Yallow, il se retrouve ainsi sur la planète Hagren, ancien champ de bataille dont l’intérêt présent tourne autour d’un vaisseau prador qui s’y est écrasé. Très vite, toutefois, Ian Cormac gravite au cœur d’enjeux plus vastes, faits de manipulations secrètes et de conflits entre les humains soumis aux IA et les séparatistes, désireux de retrouver une indépendance par le biais de la violence.
Derrière ce décor d’apparence classique, ce qui fait la singularité de Drone, c’est l’insistance portée sur le vécu du personnage principal et la dimension hard-science. Pour le premier point, chaque chapitre est l’occasion d’un retour en arrière vers l’enfance de Ian Cormac, avec l’ombre tutélaire de son frère Dax, médecin des armées ayant absorbé sa dose de violences, et un père absent. Neal Asher évoque ainsi le traumatisme d’une enfance douloureuse incarnée ici par le scorpion Amistad, l’éradication des souvenirs gênants ne constituant aucunement une solution : il faut accepter son passé, l’affronter pour avancer de manière constructive et personnelle. Quant au jargon technique, on le retrouve tout au long de la narration, lié aux considérations portant sur l’armement, avec plusieurs scènes particulièrement violentes et une critique afférente des horreurs de la guerre.
Si l’on ajoute à cela une réflexion au moins partielle sur l’absence de différence entre humain biologique et humain mécanique, et même quelques légères touches d’humour (un petit clin d’œil à Peter Watts, auteur du récent Starfish), on se retrouve avec un très bon roman de (New ?) space opera, aussi dur qu’il est prenant.