Accueil > BDSF > Jour J > Paris, secteur soviétique
Paris, secteur soviétique
samedi 18 décembre 2010, par
Dessin : Gaël SEJOURNE (1966-)
Scénario : Fred BLANCHARD (1966-), Fred DUVAL (1965-), Jean-Pierre PECAU
France, 2010
Delcourt, coll. "Neopolis", 56 p.
ISBN : 978-2-7560-1868-3
Dans l’univers de ce second tome, le débarquement allié en Normandie n’a pu s’opérer dans de bonnes conditions, laissant le champ libre à Staline pour pousser ses armées jusqu’en France. Affaiblie par la disparition du général de Gaulle en 1945, cette dernière s’est retrouvée dans la situation qu’a connu, pour notre continuum, l’Allemagne : divisée en deux zones occupées, Paris étant située à la frontière. Au nord et à l’est du territoire, la République populaire française, dirigée par Maurice Thorez, a été instituée.
C’est dans ce cadre d’une autre guerre froide qu’un agent français, Jacques Saint-Elme, est chargé par ses supérieurs d’aller enquêter dans la zone de Paris sous contrôle soviétique afin d’aider à démasquer un tueur en série qui s’en prend aux prostituées. Une conférence de la paix est en effet bientôt censée se dérouler dans l’ancienne capitale, et l’atmosphère se doit d’être sereine. Les dessins privilégient des teintes sombres, à l’image de l’atmosphère tendue et déprimante du contexte géopolitique, et le héros se révèle attachant par des failles qui le rendent plus humain.
Du point de vue uchronique, le cahier des charges du genre est respecté : évoquant le roman La République populaire de France, de Maurice Goldring, cette transposition du Berlin de l’après-guerre à Paris se distingue par quelques trouvailles visuelles (le changement du drapeau français en particulier) et l’apparition de diverses personnalités célèbres, du docteur Petiot à Marguerite Duras et Albert Camus ou Jean-Paul Sartre en passant par… Charles Pasqua ! L’intrigue est aussi complexe qu’un classique roman d’espionnage, et le dénouement est un cruel constat d’échec et une amère désillusion des simples individus face aux exigences de la realpolitik.