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Starfish

samedi 25 décembre 2010, par Maestro

Peter WATTS (1958-)

Canada, 1999

Fleuve Noir, coll. "Rendz-vous ailleurs", 2010, 384 p.

ISBN : 978-2-265-08948-8

Avec Vision aveugle, déjà paru au Fleuve noir, le lectorat français avait pu découvrir l’univers de Peter Watts, ambitieux et exigeant sur le plan scientifique. Starfish est un roman nettement plus ancien, dont deux sous chapitres avaient été publiés sous forme de nouvelle dans le numéro 54 de la revue Bifrost.

Dans un avenir indéterminé mais que l’on devine proche, une des sources privilégiées d’énergie se trouve au fin fond des océans, près des zones de subduction entre plaques tectoniques. Les stations sous-marines qui y ont été installées fonctionnent grâce à une main d’œuvre a priori inhabituelle : tous leurs occupants sont en effet des personnes souffrant de traumatismes profonds ou de maladies singulières, à l’image du pédophile Gerry Fisher. C’est d’ailleurs un des points forts du livre de Peter Watts, la psychologie de certains de ses personnages étant spécialement développée. Mais au cœur des abysses, le comportement de ces travailleurs tend à évoluer d’une bien étrange façon. Tous se sentent en effet de plus en plus attirés par l’élément aquatique, auquel ils ont été adaptés par le biais de modifications de leur métabolisme. Ils semblent même y trouver la sérénité qui leur manquait dans leur vie terrestre, sinon la place qu’ils n’avaient jamais réussi à obtenir dans la société. Métaphore de ces individus en souffrance et de la difficulté pour la collectivité de les intégrer et de les soigner, Starfish souffre dans le même temps de n’être pas plus que cela.

Certes, les abysses sont plutôt bien rendus, non sans une certaine dose d’angoisse, mais l’intrigue tend à souffrir d’une certaine pesanteur, pression due aux profondeurs rendant l’action rare et peu prenante. Ce n’est qu’à moins de cent pages de la fin que les rebondissements se succèdent, avec en point d’orgue cette idée finalement très actuelle de l’évolution humaine vue comme accidentelle, presque évitable (à base ici d’alternative génétique), qui se retrouve également à travers l’intérêt contemporain pour les néanderthaliens. Peter Watts manifeste également une méfiance plus classique vis-à-vis des excès possibles de la recherche scientifique, concrétisés dans ces gels intelligents dont l’utilisation généralisée a ceci de légèrement improbable qu’elle ne s’est pas accompagnée d’une expérimentation suffisamment poussée sur les capacités de raisonnements de ces « intelligences artificielles »…

Autres points faibles de ce roman, l’utilisation d’un jargon scientifique trop fréquente, et un arrière plan global trop peu approfondi ; tout juste devine-t-on l’accroissement des enjeux énergétiques, des tensions persistances entre pays, le développement de réfugiés (climatiques ?) et l’essor brisé d’internet en raison de virus de plus en plus répandus. Malgré ces limites, Starfish n’en est pas moins un roman fort de réels atouts et gage d’une lecture intéressée.

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