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L’EXORCISTE CHINOIS 2

2001, par Palplathune

Ricky LAU (1949-)

Hong-Kong, 1990, Gui yao gui

Samo Hung, Lam Ching Ying, Meng Hoi.

La Ghost/Kung Fu/Comédy est un genre pour le moins hétéroclite qui doit sa création à l’imaginaire débridé de ce barge de Samo. Il en posa les bases en 1980 avec L’Exorciste chinois et alimentera régulièrement le genre en tant que producteur. En 1990 il décide de revenir en personne dans l’univers qu’il a créé en donnant une fausse suite au film fondateur. Fausse suite parce que on ne retrouve aucun des personnages du premier, même si les archétypes présents dans les deux films sont identiques. Alors au top de sa forme Samo nous offre ainsi un des meilleurs rejetons de cette étrange lignée qu’il a engendrée.

Po est un sympathique apprenti taoïste amoureux de la fille d’un aubergiste. Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes si la pauvre jeune fille n’était pas harcelée par Sze, un bourgeois libidineux. Ce dernier prêt à toutes les bassesses pour arriver à ses fins fait appel à un prêtre maléfique pour se débarrasser de son rival. Assisté de son maître et d’une jolie fantôme à l’amour maternel surdéveloppé, le brave Po va devoir faire face aux nombreuses attaques magiques de ses ennemis.

Cet Exorciste chinois 2 est l’occasion pour Samo (le brave Ricky Lau n’a certainement été qu’un gentil yes man sur ce film) de signer une sorte de film bilan en matière de Ghost/Kung Fu/Comédy. Une décision plutôt bien inspirée : à cette époque il était l’un des plus puissants réalisateur-producteur de l’ex-colonie et au meilleur de sa créativité. Son film va donc retenir tout ce qui s’est fait de mieux dans le genre. On retrouve l’idée du duel de magiciens présent dans le premier Exorciste chinois, le personnage de Fat Si (maître taoïste) de Mr Vampire et le concept du gentil fantôme tiré du 3e Mr Vampire. Tous ces éléments disparates Samo va les assembler en utilisant la même structure que son film originaire. Ainsi cette suite s’ouvre aussi sur un rêve et s’articule sur la convoitise d’une femme.

Mais Samo a mûri depuis l’époque du premier film. Cela se voit avec l’introduction de certains de ses thèmes habituels, en particulier la perte de la tradition martiale. Une idée dont il est le représentant ultime puisqu’il doit son arrivée dans le cinéma au rejet de son maître, rejet qui est la conséquence de sa prise de poids excessive. On peut dire que Samo porte donc constamment sur lui cette obsession. Le personnage du maître, superbement interprété par Lam Ching Ying, n’a que l’apparence de la respectabilité mais en réalité fait constamment l’inverse de ce qu’il prêche et est quasiment incapable de reconnaître ses erreurs. Dans un autre registre la réalisation bénéficie aussi de l’expérience acquise. Elle s’avère bien plus fluide et aboutie que dans le premier volet. Mais Samo s’est lâché dans les scènes de Kung Fu. Les chorégraphies sont impressionnantes de virtuosité, comparables à celles de ses débuts mais transcendées par une mise en scène nerveuse et speedée (et avec des ralentis bien placés, quasi marque de fabrique de Samo). Les différents artistes martiaux se donnent à fond et émerveilleront même les plus blasés. Une mention spéciale à ce bon vieux Samo qui malgré l’usure du temps nous livre ici une de ses meilleures prestations martiales ! Rien que pour ça le film vaut le coup d’oeil.

Mais ce qui s’avère le plus surprenant c’est que les deux autres branches du genre soient elles aussi réussies. La comédie d’abord. Si quelques gags s’avèrent indéniablement trop lourds, la plupart font mouche et réussissent à nous faire rire. Dans ce domaine Lam Ching Ying y est pour beaucoup avec son rôle de maître hypocrite franchement hilarant. Etant donné le niveau plutôt bas de l’humour Hong Kongais (même si il existe des exceptions), c’est une très bonne surprise. Au niveau "ghost" c’est aussi une réussite bien que de manière un peu atténuée. Les effets spéciaux visuels sont dans l’ensemble tout à fait honorables, avec une mention particulière pour les maquillages très réussis. Cependant on peut regretter que l’utilisation qui soit faite de cet élément fantastique soit un peu accessoire. L’usage du fantastique permet juste de varier les adversaires habituels des films de Kung Fu et de justifier les actions "surhumaines" des personnages. Evidemment c’est le genre qui veut ça mais de la même façon chaque situation un tant soit peu horrifique est désamorcée par l’humour. Dans une séquence Samo est agressé par 2 zombies rongés par les asticots et se retrouve recouvert de ces charmants insectes. Mais tout de suite l’horreur est annulée par un gag qui voit l’âme de Samo s’enfuir de son corps totalement nu ! Tout cela n’est pas désagréable et conforme au concept original mais il aurait pu être intéressant que le fantastique soit traité sérieusement. Samo aurait pu inventer le Ghost/Kung Fu/Drama. Pour la prochaine fois peut être.

Reste que cet Exorciste Chinois 2 est bien un des meilleurs représentants de la Ghost/Kung Fu/Comedy avec le premier Mister Vampire et que si vous voulez découvrir ce sympathique sous genre il vous est chaudement recommandé. Well done Samo !

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