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SPECIAL PLEINE LUNE
CURSED
Le loup-garou d’Hollywood
samedi 13 août 2011, par
Wes CRAVEN (1939-2015)
Etats-Unis, 2005
Christina Ricci, Jesse Eisenberg, Joshua Jackson, Judi Greer, Milo Ventimiglia, Christina Anapau
Le film de loup-garou est à peu près le seul genre qui manquait à la filmographie de Wes Craven. Il faut dire que le réalisateur a un style bien personnel et quand il aborde le film de vampires, c’est pour le faire à la sauce ethnique. Depuis Scream, il manie l’auto-dérision. Alors dans ces conditions qu’allait donner le loup de Wes ?
Une voyante prédit un avenir sanglant à un couple de jeunes filles (Mya et Shannon Elizabeth) tandis qu’à l’autre bout de la ville, Jimmy (Jesse Eisenberg) tente vainement de draguer en attendant sa soeur Ellie (Christina Ricci) partie retrouver son petit copain Jake (Joshua Jackson) dans son club à la veille de son ouverture officielle. Quand le frère et la soeur rentrent chez eux, un animal provoque un accident de voiture et le destin d’une des jeunes filles se réalise : envoyée dans le décor, il devient la victime d’un loup-garou qui mord au passage Ellie et Jimmy. Rapidement ce dernier se rend compte que quelque chose a changé chez lui, à commencer par une assurance qui n’est pas pour lui déplaire et lui rendre service dans son plan drague, et il ne lui faut guère de temps pour comprendre ce qui lui arrive. Sa soeur est beaucoup plus difficile à convaincre, plus préoccupée par son travail et cette enquiquineuse d’agent (Judi Greer) ou par sa relation avec le très particulier Jake. Mais les agressions continuent. Jimmy et Ellie s’inclinent devant la réalité : sur le point de devenir des loups-garous, ils doivent tuer l’origine de leur mal s’ils ne veulent pas être maudits pour l’éternité.
D’un côté, Cursed s’avère caractéristique du Wes Craven post-screamien et de son collaborateur Kevin Williamson. Evoluant dans un milieu de jeunes adultes ou intéressant ceux-ci, le milieu des people, et étant un film d’horreur, genre qui réussit mieux auprès du public jeune, Cursed s’apparente beaucoup à un teen movie version horreur et son côté enquête n’est pas sans rappeler Scream. Il en a l’humour comme le loup-garou faisant un doigt aux forces de l’ordre, non sans une certaine auto-dérision comme la piètre psychologie développée par Jimmy envers son rival amoureux et le coming out de celui-ci. La figuration de quelques acteurs (Shannon Elizabeth, Mya, Joshua Jackson...) idoles à la petite semaine des jeunes, contribue à accentuer ses sentiments tout en ancrant le film de Craven dans la série B.
Le scénario est malheureusement des plus prévisibles, ne renouvelant absolument pas le genre, tandis que l’agencement des scènes paraît parfois étrange, notamment au-travers des figurants de second plan. Ainsi à quoi sert la scène d’introduction dans une fête foraine ? Le rôle de la voyante (Portia de Rossi) est parfaitement dispensable. Peut-être ces seconds rôles sont-ils le reliquat du film que devait être Cursed avant une refonte complète du script se traduisant par l’éviction de l’acteur Skeet Ulrich et d’autres, conséquence du retard pris par le tournage et des autres obligations contractées.
Un système hollywoodien dont Cursed n’est pas une satire mais dont il se moque allégrement : les soirées, les grand openning, la communication autour des acteurs dont Scott Baio fait les frais tout en jouant son propre rôle dans une perspective moqueuse... Craven ne règle pas ses comptes avec Hollywood mais s’en moque visiblement mais pas méchamment.
Les amateurs d’effets spéciaux trouvent par ailleurs ceux-ci assez pauvres pour un film d’horreur de Wes Craven. Disons qu’ils ne suppléent pas les lacunes du scénario, mais ne cherchent pas non plus à l’écraser comme dans certains blockbusters.