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Septembre rouge

samedi 29 janvier 2011, par Maestro

Dessin : Florent CALVEZ (1975-)

Scénario :Fred DUVAL (1965-), Jean-Pierre PECAU

France, 2010

Delcourt, coll. "Neopolis", 56 p.

Après Paris, secteur soviétique, Septembre rouge revient en arrière dans le temps pour proposer une uchronie en deux épisodes, basée sur une Première Guerre mondiale alternative. L’offensive allemande de 1914 a en effet porté ses fruits, divisant les forces anglo-françaises jusqu’à réussir à prendre le contrôle de Paris. La capitulation est signée par le président Poincaré, mais un certain nombre de Français décident de poursuivre le combat. Appuyés sur l’empire colonial et la flotte, ils sont dirigés par Clemenceau, réfugié à Alger. En cette année 1917, tout semble devoir basculer, car des négociations sont en cours entre le IIème Reich et l’autocratie russe ; l’arrêt des hostilités signifierait alors le retournement de l’ensemble des forces allemandes contre la France qui résiste encore. Clemenceau demande alors à un de ses meilleurs agents, Samuel Blondin, ancien des Brigades du Tigre, d’aider Jules Bonnot, détenu depuis qu’il a échappé à la mort lors de son arrestation mouvementée, à organiser l’assassinat de Nicolas II.

Dans ce troisième volume, le dessin apparaît un peu plus naïf que dans le précédent, avec néanmoins des lumières plus éclatantes et quelques belles planches, ces vues aériennes du sud de la France ou la bibliothèque idéale de Serge en particulier. Le scénario est moins alambiqué que Paris, secteur soviétique, et présente surtout le mérite de mettre en scène un anarchiste sulfureux (et pour le moins discutable, d’ailleurs, quant à la validité de son engagement politique) confronté à un serviteur de l’ordre bourgeois, l’occasion de montrer que l’anarchisme est une idéologie bien éloignée des diabolisations fréquentes et récurrentes. On croise même Victor Serge, dans un rôle essentiel, parmi d’autres figures connues (Malvy, Mandel, le Baron rouge, jusqu’à Tintin sans Milou !).

Le hic, c’est que l’histoire souffre de plusieurs manques de crédibilité. Outre cette improbable détention secrète de Bonnot, dispensé de jugement et de peine de mort par la simple volonté du président du conseil, l’hypothèse d’une guerre se prolongeant jusqu’en 1917 après la défaite de la France métropolitaine semble bien peu crédible. L’Allemagne aurait en effet, une fois le Royaume-Uni isolé, concentré une plus grande partie de ses troupes sur le front est afin d’écraser une Russie à la puissance militaire apparente extrêmement fragile (sans même parler d’une possible proposition de paix des Romanov à l’égard des Hohenzollern une fois la France si rapidement battue). Le plaisir de la lecture est néanmoins réel, l’amusement primant dès lors sur la validité de l’uchronie, jusque dans des détails (une femme comme supérieure de militaires allemands ?).

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