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Les démons de Paris

samedi 5 février 2011, par Maestro

Jean-Philippe DEPOTTE (1967-)

France, 2010

Denoël, 528 p.

ISBN : 978-2-207-26189-7

Les démons de Paris est le premier roman de Jean-Philippe Depotte, un homme aux multiples compétences, qui signe ici une œuvre au croisement de l’uchronie et du fantastique ; le rapprochement avec le Anno Dracula de Kim Newman est tentant, tout comme avec les aventures dessinées d’Adèle Blanc-Sec de Tardi et quelques romans feuilletons de la Belle Epoque.

A l’aurore du XXème siècle, Paris est en pleine agitation. Un attentat vient de faucher nombre de bonnes bourgeoises, et la capitale se prépare à accueillir le tsar Nicolas II pour une brève visite officielle. Dans ce monde alternatif, la France est dirigée par une présidente du conseil, Victoire Desnoyelles, et une bonne partie de la pègre est contrôlée par un certain grand Khan, sorte d’avatar de Fu Manchu. Joseph, un futur prêtre, s’est acquis une célébrité en parvenant à dialoguer avec les morts. Amoureux en secret de Lucille, la fille de Fulgence Bienvenüe, concepteur du métropolitain, il se retrouve avec le frère jumeau de celle-ci, Eloïs, en train d’assister à une étrange cérémonie d’invocation démoniaque. Leurs destins respectifs vont alors basculer : Eloïs se retrouve en effet au royaume des morts, tandis que Joseph va courir d’aventure en aventure, découvrant en particulier Lucrèce, protégée de l’invocateur Papus et révolutionnaire adepte des thèses de Lénine. Tout ce petit monde se retrouve très vite pris au milieu d’une toile ayant pour centre de gravité les affrontements entre souverains démons. On le voit, le propos ne manque pas d’imagination, brassant les thèmes de l’époque -le spiritisme, le socialisme, le progrès technique- tout en alimentant une action de tous les instants. En émerge une vision de l’univers très platonicienne, avec ce monde des morts fusionnant mythologies grecque et chrétienne, où la divinité semble fort lointaine, et l’individu appelé à découvrir sa véritable nature, idéale aussi bien qu’idéelle…

Difficile pour autant de parler de chef d’œuvre. Si la lecture du roman est en effet très plaisante, elle ne suscite pas un enthousiasme sans limites, souffrant de quelques défauts. Outre une prise en compte du contexte finalement trop peu développée (avec quelques contresens, comme cette femme à la tête du gouvernement), le personnage de Lénine est à la fois mal compris (en faire un partisan du terrorisme individuel est une inversion totale de ses véritables positions) et diabolisé, cette vision purement négative de la révolution d’Octobre conduisant d’ailleurs à un pessimisme proche du nihilisme…

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