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Les croisés de l’éternité

samedi 19 février 2011, par Maestro

Angel Torres QUESADA (1940-)

Espagne, 2000, Sombras en la eternidad

Black Coat Press, coll. "Rivière blanche",2011, 204 p.

ISBN : 978-1-935558-86-6

Poursuivant leur précieux travail de découverte du patrimoine de la SF espagnole, déjà brillamment matérialisé par le Dimension Espagne de Sylvie Miller (qui se fend ici de la préface), les éditions Rivière blanche nous offrent le premier roman en langue française de Angel Torres Quesada, un auteur éclos dans les années 1968 à la bibliographie tout à fait respectable (dommage toutefois que cette dernière ne figure pas dans le livre, tout comme l’année de publication originale du roman) [1].

Les croisés de l’éternité est un court roman qui s’inscrit plutôt dans la veine du défunt Fleuve noir, mais loin d’une série B basique, il se révèle à la lecture à la fois prenant et riche, à l’image de L’empire du Baphomet de Pierre Barbet avec qui il partage certaines thématiques. L’intrigue alterne entre notre présent et le passé médiéval, sans séparation nette de la mise en page, à l’image des glissements temporels du principal protagoniste. Celui-ci, Diego Ardé, est un historien reconnu, dépositaire d’un mystérieux anneau que lui a transmis son père juste avant de mourir. C’est ce bijou qui l’amène à croiser la route de Louis de Troyes, individu troublant qui ne le quittera plus. Ardé deviendra même son féal à l’époque médiévale, durant toute l’existence de l’ordre des Templiers. Louis de Troyes semble en effet à la recherche d’un artéfact insaisissable, n’hésitant pas pour cela à supprimer tous ceux qui s’opposent à ses projets et même à modifier l’histoire…

La force du roman tient à plusieurs atouts : un style fluide qui parvient, dès le début, à se faire à la fois énigmatique et captivant ; un arrière-fond historique brièvement mais efficacement brossé ; des réflexions qui évitent la superficialité et une intrigue plus complexe qu’il n’y paraît ; sans oublier quelques perspectives prometteuses, ainsi de ces divergences uchroniques seulement entraperçues, et qui permettent de transcender un thème finalement assez classique, celui des divinités vues comme d’origine extra-terrestre. Quant au fin mot de l’histoire, justement, il convoque certains thèmes de l’histoire mystérieuse en les mettant au service d’un dénouement clairement science-fictif, qui est en même temps condamnation du Yahvé de l’Ancien Testament et plus généralement de l’asservissement aux religions instituées. Un pied de nez fort sympathique dans un pays où l’empreinte du catholicisme est encore importante. Un entretien avec l’auteur complète ce livre dont on espère qu’il ne sera pas le dernier de son auteur traduit dans notre langue !


[1Il s’agit en fait d’une novella paru en revue en 2000 et en volume indépendant en 2001 sous un des pseudonymes de l’auteur : A. Thorkent.

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