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L’EXTRATERRESTRE
E.T. cet Inconnu
jeudi 4 avril 2002, par
Réalisateur : Didier BOURDON (1959-)
Année : France, 2000
Acteurs : Didier Bourdon, Bernard Campan, Pascale Arbillot, Stuart Seide (si si)
Au début, on se surprend à sourire par anticipation, en se souvenant des débuts des Inconnus, et on se dit que les critiques assassines qu’on a pu apercevoir dans le journal ne sont dues qu’à un effet de saturation : il est vrai qu’entre rediffusions, best-of, very best-of et very-very-best-of, le trio de comiques a un peu trop tiré sur la ficelle, sans chercher à se renouveler. On s’attend à un film assez gras, certainement, et on se met en condition ; des souvenirs de blagues de potaches ressurgissent, et l’on se prend à souhaiter louer un Van Damme ou un Schwarzenegger, pour voir si l’on y retrouvera le même plaisir qu’à l’époque.
Et le film commence. Zerph (D. Bourdon), un soldat venant de la planète Kripton, ne parvient à échapper à des poursuivants qu’en échouant sur Terre, en Auvergne. Il n’a aucun moyen de contacter son vaisseau, mais bénéficie rapidement de l’aide d’une Terrienne, Agathe (P. Arbillot), et d’un androïde victime d’un bug, Yeb (Bernard Campan). Cette aide ne sera pas de trop, car ses poursuivants retrouvent sa trace, et entendent bien l’atomiser...
Pour qui se souvient du sketch des Inconnus sur les sectes, ou de leur parodie des Envahisseurs, l’Extra-terrestre est à la fois sans surprise et décevant. Sans surprise, car l’humour des Inconnus est toujours le même : pour se moquer d’un phénomène, ils se l’approprient et le poussent jusqu’à ses limites. Dans le cas des sectes, il leur suffit de jouer sur l’imaginaire kitsch et le côté crapuleux ; avec les Envahisseurs, ils s’approprient le discours anti-immigration pour tourner en dérision ceux qui le propagent, les montrant comme des chasseurs d’OVNI lunatiques et pathétiques.
Dans L’extraterrestre, ils prennent donc un thème de science-fiction classique (celui de l’étranger : cf. Starman, E.T., ou encore Les lettres persanes), mais n’arrivent à aucun moment à prendre le contrôle de l’histoire, qui s’écoule tranquillement le long d’une trame déjà mille fois vue : l’extra-terrestre va découvrir l’amour (donc il parvient à ne plus être un étranger), et son regard neuf lui permettra de formuler quelques critiques sociales. Sauf qu’en matière d’amour, on ne retiendra du film que Bernard Campan jouant à palper la poitrine des douairières ; et en ce qui concerne la critique sociale, on n’aura droit qu’à un vague commentaire de Didier Bourdon sur les femmes et le matriarcat qui caractérise la société sur sa planète d’origine : " Salopes "... Pis, aucun acteur ne parvient à donner de dimension à son personnage. Tout est plat, même les paysages auvergnats et les scènes de marché ou de bal musette, qui donnent de la France la même image que les séries B américaines - béret et accordéon.
L’extra-terrestre ne restera donc dans les mémoires que comme une nouvelle preuve que rares sont les comiques capables de passer du format " sketch " à celui des longs métrages.