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La carte du temps

samedi 30 avril 2011, par Maestro

Felix J. PALMA (1968-)

Espagne, 2008

Robert Laffont, 2011, 560 p.

Depuis la découverte de Juan Miguel Aguilera il y a une dizaine d’années, la SF espagnole se fait de plus en plus présente en France, particulièrement grâce aux efforts déployés par Rivière blanche [1]. La carte du temps est toutefois publiée chez un éditeur plus imposant, quand bien même ce soit fait sans aucune mention explicite de l’appartenance du roman au genre. Et pourtant, on est bien là face à du steampunk pur jus !

L’action se déroule dans une Angleterre victorienne d’apparence alternative, puisque Jack l’éventreur, dont il est longuement question, est démasqué et condamné à mort. Andrew est justement l’amant de Mary Kelly, la dernière victime de l’assassin, et tellement tourmenté par son incapacité à la sauver qu’il songe fermement au suicide. Son cousin Charles va alors l’orienter sur la compagnie de Voyages temporels Murray et sur H.G. Wells, l’auteur de La machine à explorer le temps, dont l’inspiration a bénéficié de l’aide d’Elephant Man alias Georges Merrick. Parallèlement, Tom Blunt, alias Capitaine Shackelton, le sauveur de l’humanité (sic), sollicite également l’aide de Wells pour s’extirper d’une romance créée avec Claire Daggerty, par le biais d’un imbroglio temporel qui n’est pas sans rappeler (ou anticiper ?) sur celui de Terminator.

L’humour est léger, mais le parti pris de l’auteur est clairement celui de la distanciation, le narrateur omniscient prenant régulièrement à partie le lecteur. Surtout, Felix J. Palma semble s’ingénier à surprendre son lecteur et à dérouter les habitués de SF, que ce soit à travers le retour d’Andrew dans le passé ou avec la compagnie Murray, dont la seule excursion proposée en l’an 2000 est le fruit apparent de la magie. En fait, La carte du temps est une évidente mise en abyme, qui s’ingénie à fragiliser la capacité visionnaire de la SF et son potentiel onirique, véritable métaphore de l’acte d’écriture. Au-delà, sa prose est relativement classique, présentant certains aspects emblématiques de cette fin de XIXème siècle -les voyages d’exploration au cœur de l’Afrique, le personnage de Wells, -, en critiquant l’égoïsme et la vacuité de la bourgeoisie face à la misère et à l’authenticité violée du peuple prolétaire.

Il n’en reste pas moins que ce roman, décontenançant à bien des égards, se révèle surprenant jusqu’au bout, avec un final qui croise bon nombre de thématiques typiques des voyages temporels (celles de La patrouille du temps, du Voyageur imprudent ou des Déportés du Cambrien, entre autres).


[1cf. le volume Dimension Espagne.

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