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L’ÎLE DU DOCTEUR MOREAU (1932)

Et Moreau créa la femme

samedi 10 septembre 2011, par von Bek

Erle C. KENTON (1896-1980)

Etats-Unis, 1932, Island of Lost Souls

Charles Laughton, Richard Arlen, Bela Lugosi, Arthur Hohl, Kathleen Burke, Leila Hyams

Première adaptation hollywoodienne du roman de Wells, cette île du docteur Moreau qui n’en porte pas tout à fait le nom, est très marquée par son époque et le cadre de sa réalisation.

Carter, rescapé d’un naufrage en plein pacifique, est recueilli par un cargo affrété par le docteur Montgomery pour son patron le docteur Moreau. Le comportement détestable du capitaine du navire amène Carter à lui faire voir sa façon de penser, une réaction bien humaine mais pas très reconnaissante envers qui vous a sauvé la vie. Aussi le rescapé est-il débarqué en même temps que Montgomery et a l’occasion de faire connaissance avec le docteur Moreau, retiré sur une île pour poursuivre ses expériences. Comme dans le roman, Carter croit dans un premier temps que Moreau se livre à des expérience de dissection sur les autochtones de l’île. Aussi entreprend-il de fuir avant de connaître le même sort, entrainant à sa suite la belle Lota. Il est cependant détrompé par Moreau qui lui révèle avoir créé ces hommes à partir d’animaux avant de les soumettre à la loi tel les autres hommes. Tout en faisant semblant de vouloir faciliter le départ de Carter, Moreau cherche à le garder sur l’île, espérant l’utiliser pour vérifier la réussite de ses expériences, notamment au travers Lota dont Carter ne tarde pas à découvrir qu’elle était au départ une panthère. L’arrivée de Ruth, la dulcinée de Carter, avec un bateau de secours, perturbe ces plans et amène Moreau à faire couler le sang par ses créatures, brisant ainsi un article fondamental de la loi et provoquant sa chute.

Dans les grandes lignes, le film est fidèle au roman, bien que la substitution de noms du héros - Carter pour Prendrick - ne s’explique pas. On retrouve dans le film de Kenton la déclamation de la loi, le mantra « ne sommes nous pas des hommes ? ». Cependant, dans une pure pratique hollywoodienne, la production ajoute une dose de romance, et même deux, à l’histoire initiale avec deux personnages supplémentaires féminins complétement absents du livre. Le héros, Carter, a ainsi l’occasion d’exercer sa séduction virile dans des scènes franchement caricaturales.

Beaucoup plus réussi et non moins prégnante s’avère l’influence horrifique. Tourné au début des années 30, âge d’or du cinéma d’horreur hollywoodien, L’île du docteur Moreau profite des styles, des influences de ce cinéma. La présence de Bela Lugosi, Dracula de l’année précédente, en diseur de la loi, tient plus du clin d’oeil tant l’acteur est méconnaissable dans un rôle important mais secondaire. En revanche les gros plans où il apparaît de face participe bien à la construction de l’atmosphère. En général, la horde des créatures de Moreau fait penser dans sa laideur à celle des Freaks de Todd Browning sorti la même année. Charles Laughton campe pour sa part un docteur Moreau machiavélique - ce que le personnage n’est pas dans le roman - particulièrement jouissif, bien plus intéressant que le fade Richard Arlen dans le rôle de Carter.

Le film de Erle Kenton constitue sans doute une des plus intéressantes adaptations du roman de Wells qui l’a, paraît-il, trouvé trop sanglante, choqué par les scènes du laboratoire où franchement on ne voit pas grand chose.

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