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Les croisés du cosmos

samedi 11 juin 2011, par von Bek

Poul ANDERSON (1926-2001)

Etats-Unis, 1960, The High Crusade

Les croisés du cosmos est sans doute le roman le plus célèbre de Poul Anderson après La patrouille du temps, lequel est plutôt un recueil de novellas qu’un roman. Souvent cité en exemple lorsqu’il s’agit de croiser humour et science-fiction, il est qualifié d’excellent et de complète réussite mineure par Jacques Sadoul [1]. La sortie en France de L’option Excalibur de David Weber au thème similaire, est l’occasion d’une relecture.

En l’an de grâce 1347, sir Roger de Tourneville, baron du roi Edouard III d’Angleterre, s’apprête à quitter son castel avec ses compagnons d’armes pour rejoindre son suzerain quand un vaisseau spatial débarque sans prévenir. D’abord terrifiés, les Anglais massacrent les petits êtres bleus qui en débarquent et qui ont le bon goût de tuer un des leurs. Ayant fait un prisonnier, Tourneville imagine d’utiliser le vaisseau pour gagner la France et ensuite, pourquoi pas, Jérusalem afin de la délivrer des Sarrasins. Las, pour se venger, le félon Wersgors - c’est le nom de l’espèce débarquée des étoiles - détourne le vaisseau vers son Empire, emportant avec lui Tourneville, ses guerriers mais aussi tout la population du village d’Ansy. Son espoir de vengeance se révèle cruellement battu en brèche quand sire Roger, doté d’un sang-froid et d’un culot incommensurables qui effrayent ses suivants, entreprend de prendre une base puis une planète puis de mettre à bas tout l’empire wersgors, un projet qui ne convient pas à tous les Terriens.

Assurément, Poul Anderson ne s’est pas pris au sérieux dans son récit. Il joue à merveille de la confrontation entre deux civilisations différentes pour articuler son récit et permettre aux Anglais de remporter des combats, un raisonnement fréquent chez lui étant qu’une civilisation aussi avancée que celle des Wersgors est incapable de comprendre ou d’anticiper des techniques qu’elle ne pratique plus depuis des siècles. Ainsi les Anglais usent de l’abordage pour prendre les vaisseaux ennemis. Bien sûr un tel raisonnement ne tient absolument pas la route mais il participe du fonctionnement général du livre : la confrontation d’une société médiévale avec une société post-industrielle.

Les clichés sur le moyen-âge abondent alors et rien n’est épargné : depuis la parodie de l’amour courtois qui s’initie entre la dame de Tourneville et le chevalier Owain Montbelle jusqu’à la sorcellerie dont les Terriens soupçonnent les Wergors. Reste que la longueur est difficile à tenir et le ressort s’épuise vite bien que le livre ne soit pas très long (de 222 pages à 272 selon les éditions de poche). Ultime clin d’oeil, qui se développe sur tout le roman, selon une ficelle maintes fois utilisée dans la fiction fantastique et science-fictive, les aventures de nos médiévaux sont relatées par un chroniqueur - ici frère Parvus - dont le récit est lu des siècles après.

Les croisés du cosmos constituent assurément un ouvrage plaisant et mineur, qui n’a guère souffert du temps, mais qu’on ne lit qu’une fois.


[1Histoire de la science-fiction moderne, 1984, p.239.

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