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Le futur est en marche arrière

samedi 16 juillet 2011, par Maestro

Pierre CHRISTIN (1938-)

France, 1979

ENCRE, coll. "L’utopie tout de suite", 246 p.

Après l’excellent Les prédateurs enjolivés, publié initialement dans la collection de Gérard Klein, Pierre Christin propose un autre recueil de ses nouvelles, qui sera d’ailleurs le dernier. La particularité de celui-ci, qui paraît dans une nouvelle collection dirigée par Bernard Blanc, est d’être illustré par les différents dessinateurs avec lesquels Christin a collaboré. Six nouvelles sont au sommaire, et on y retrouve la même dominante profondément pessimiste sur la nature humaine.

Dès « Visite au jardin de réacclimatation », on voit s’opposer la tolérance et la composante multiraciale d’extra-terrestres en visite sur Terre, et la composante intrinsèquement violente et destructrice des êtres humains, qui ont tellement gâchés leurs chances qu’ils en sont réduits, revenus à un stade quasi préhistorique, à servir de distraction exotique aux visiteurs étrangers. En apparence, « Pas de nouvelles, bonnes nouvelles » est plus optimiste. Un journal de l’avenir, en perte de vitesse du fait des coupes sombres ayant affecté sa rédaction qui fouinait de trop près sur les agissements des couches dirigeantes, parvient finalement à décrocher le scoop qui va le remettre en selle : des images inédites de la colonisation méconnue d’une planète, qui passe par la destruction des autochtones. Toutefois, la fin du récit insiste bien sur la vanité, voire la futilité, d’une presse libre au sein d’un système qui ne l’est plus… Il partage d’ailleurs avec « La négociation » une critique féroce du féodalisme engendré par la colonisation terrestre de l’espace, derrière laquelle on devine une condamnation du capitalisme. Ce dernier récit est particulièrement défaitiste, l’espèce humaine étant finalement exterminée par une espèce extra-terrestre qui n’a fait que répondre à une agression de sa part. La critique du système économique est plus flagrante dans « Le sourire de l’accumulateur insensé aux archéologues à venir », à travers les caprices d’un attardé mental héritier d’une multinationale majeure qui coexistent avec les ravages provoqués par cette multinationale sur la population mondiale, ses manipulations du vivant la saignant littéralement à blanc, jusqu’à faire du profit sur le choix de la mort des ultimes survivants.

Même quand il s’agit d’évoquer la mise en place d’un pouvoir prolétarien, Christin est plus que sceptique. Dans « Les 200 familles », il anticipe sur la télé réalité, avec un loft de luxe à l’intérieur duquel les survivants des familles de la grande bourgeoisie se livrent en huis clos à leurs turpitudes, afin d’édifier des masses contraintes de vivre au sein de dômes protecteurs d’un environnement devenu délétère et soumises à une nouvelle dictature. Plus dynamique, « Parmi les pièges suaves des chemins du néant » se déroule dans le même cadre en bout de course, une France en panne d’énergie, gangrenée de pollution chimique. Afin de gagner quelques réserves d’essence, plusieurs équipages de voitures tentent une course sur des routes désormais abandonnées, mais leur fuite éperdue vers l’avant sert avant tout à réduire la population.

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