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La guerre olympique

samedi 17 septembre 2011, par Maestro

Pierre PELOT (1948-)

France, 1980

Publié l’année des jeux olympiques de Moscou, tout comme Les Olympiades truquées de Joëlle Wintrebert, ce roman de Pierre Pelot, extrêmement visuel, se lit d’une traite, ne laissant aucun répit au lecteur, et pas seulement dans les scènes d’action d’une grande intensité. L’adaptation cinématographique semble même à portée de main !

Reflet de son époque, le livre imagine le remplacement des affrontements localisés de la guerre froide par une guerre plus réglementée, centré sur le sport. Créée en 2200, la Guerre olympique oppose le camp des Blancs (occidentaux) à celui des Rouges, au cours de diverses épreuves, anciennes (pugilat, cyclisme, ski, tir à l’arc…) ou nouvelles (moto-glace, lancer de haches, courses à pièges…) ; au final, les champions qualifiés gagnent le droit de participer au Grand Parcours des Héros, une succession de sept épreuves dont les équipes doivent triompher, tout en décimant leurs adversaires. Là où les choses prennent une toute autre dimension, c’est que chaque défaite provoque, dans le camp perdant, la mort instantanée de dizaines ou centaines de milliers de personnes, condamnées pour des raisons diverses, opérées et équipées d’un implant autodestructeur dans le crâne ; lors de l’affrontement ultime, c’est l’ensemble des condamnés du camp battu qui disparaissent.

Pierre Pelot parvient remarquablement à nous plonger au cœur de cette réalité, par le biais de deux condamnés de chaque camp, un champion blanc entouré de son équipe (dont son soigneur-dopeman), et sa fiancée. On découvre de façon quasi physique une société totalitaire, des deux côtés, où toute expression d’opposition entraîne une condamnation lourde de conséquences pour soi et même sa famille proche ; une télévision devenue omniprésente, et qui se nourrit d’un spectacle hautement sanglant, cherchant à tout prix le scoop et le sensationnel (« L’objectivité et la demi-teinte avaient été jetées aux orties ; la simple raison agonisait depuis belle lurette, défendue encore par quelques speakers et commentateurs de petites stations de radio – mais on n’écoutait pas ces malheureux puritains de l’information qui résistaient Dieu sait comment aux assauts de la folie généralisée » p.218).

On devine également tout ce que Pelot partage alors avec la théorie critique du sport de la revue Quel corps ? : le sport de compétition, « nouvel opium des peuples décérébrés » (p.287), concentre ici la fièvre nationaliste, le sentiment d’identification hystérique, la satisfaction orgasmique illusoire, au détriment des préoccupations fondamentales, sociales, des individus ; les deux camps sont ainsi complices de ces partouzes sportives afin de maintenir leur domination respective sur leurs masses populaires.

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