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GREEN LANTERN

un dernier vert ?

samedi 20 août 2011, par von Bek

Martin CAMPBELL (1943-)

Etats-Unis, 2011

Ryan Reynolds, Blake Lively, Peter Sasgaard, Tim Robbins

Alors que les adaptations au cinéma des comics Marvel se multiplient - deux rien que pour cette année 2011 -, la pleine exploitation du catalogue DC peine en dépit d’une plus grande ancienneté dans le procédé. Green Lantern va-t-il permettre de lancer la machine ?

La protection de l’univers est assurée par un corps de justiciers verts, les green lanterns, institué par les Gardiens, des êtres virtuellement immortels, qui les ont aussi dotés d’anneaux capables de matérialiser leurs pensées à partir d’un énergie émanation de la volonté de tous les êtres de l’univers. Cependant, un malheureux naufrage sur une planète perdue et Parallax, une entité qui se nourrit de la peur, emprisonnée par le green lantern Abin Sur, est libérée. L’univers est en danger et une des premières victimes (après deux mondes détruits) est celui-là même qui le sauva. Mortellement blessé Abin Sur échoue sur Terre et charge son anneau de se trouver un successeur. L’anneau échoit à Hal Jordan, pilote d’essais de talent, en apparence très casse-cou et irresponsable, mais habité par la peur. L’humain Hal Jordan va-t-il être à la hauteur de cette nouvelle responsabilité ? Le corps des Green Lantern tend à ne pas y croire, Hal Jordan aussi, mais sur Terre, le savant Hector Hammond héberge le pouvoir de Parallax et menace la planète et la petite amie putative de Jordan, Carol Ferris.

On sait déjà que mettre en scène la première aventure d’un super-héros au cinéma n’est pas partie aisée. A côté de la genèse du personnage, dont peu se dispense (X-Men est une de ces exceptions) ou à la rigueur use de flashbacks (cf. le Batman de Tim Burton), il faut aussi ajouter une aventure suffisante pour donner du corps au film. Beaucoup s’en sont tirés avec les honneurs, mais il y eut des échecs retentissant dans la réalisation de ce périlleux équilibre. qui demande du temps. Or Green Lantern ne perd pas de temps et s’essaie à la dangereuse alchimie dans une durée largement inférieure à 2 heures (sans le générique). C’est peut-être là où le bât blesse, car si la partie genèse tient parfaitement la route et s’accomplit dans les 40 premières minutes de manière convaincante, la partie grande aventure enchaîne directement sans prendre le temps de se construire, usant de facilité narrative comme le passé commun entre Hector Hammond, Carol Ferris et Hal Jordan, un passé commun nullement évoqué auparavant. L’un des problèmes vient peut-être de l’introduction du personnage d’Hector, joué par Peter Saasgaard, au bout de 25 minutes de film. C’est beaucoup pour un personnage central de l’intrigue. Certes, Lex Luthor dans Superman apparaît tardivement, mais la genèse du héros est autrement plus travaillée et le film de Richard Donner dure presque 2h30. Ce qui fait défaut à Green Lantern, sur le plan du scénario, c’est son installation en tant que héros, résumée dans la scène de sauvetage du sénateur Hammond. La vision du film donne aussi une forte impression d’ellipse narrative et d’une réelle volonté de condenser le tout et de ne pas s’encombrer de détails. On imagine que la cause de la durée moindre du film est à rechercher dans son coût et notamment dans celui des effets spéciaux, surtout quand il est connu que le film est en post-production depuis le 6 août 2010, qu’il a fallu retourner des scènes au début de 2011, rallonger le budget effets spéciaux de quelques millions et retarder la sortie au début de l’été.

Un autre problème scénaristique réside dans le caractère très manichéen, très naïf, du film, un aspect pourtant très prévisible quand on parle de super-héros. Avec son entité se nourrissant de la peur et détruisant les planètes, Green Lantern a des allures de Cinquième élément. Plutôt que de lui jeter la pierre, il faut reconnaître que l’équipe en charge du scénario a su éviter l’erreur du film de Besson et n’est pas allée chercher la solution dans l’amour. Un constat simple est que les films de super-héros qui marchent aujourd’hui reposent sur des personnages plus ambigu : Tony Stark a des pulsions auto-destructrices ; Bruce Wayne est névrosé. La psychologie du personnage n’est pas assez travaillée, mais comment pouvait-elle l’être en aussi peu de temps ?

Dès lors, il faudrait plutôt chercher un défaut du film dans la nature même de son personnage principal, ce qui est moins évident. Qu’on y réfléchisse deux secondes : de tout l’univers DC, Green Lantern est sans doute le personnage le plus puissant après Superman mais il a un défaut - parlons ici de la création pas de ses faiblesses de super héros. D’une part, son pouvoir est immense mais revêt une forme ridicule dans ses manifestations. Pensez donc, être capable de donner une substance à sa pensée, altérer la réalité et fabriquer des épées, des voitures, des mitrailleuses... Le pire est que le film est parfaitement conscient du côté ridicule de la chose et le rend très bien. Un bon exemple réside dans la catapulte imaginée pour retourner à Parallax sa décharge d’énergie : c’est digne de Tex Avery, des Looney Tunes et de Roger Rabbit. On peut arguer longtemps que dans l’urgence l’esprit humain ne fait pas dans l’intellectuel, il n’en demeure pas moins que le comics Green Lantern a un côté comique que n’ont pas de nombreux autres super héros. Or le film n’a pas su détourner ce côté comique et a préféré miser sur le comique du personnage Hal Jordan.

Il ne faut cependant pas être trop sévère avec Green Lantern. Les chiffres des entrées outre-atlantique annoncent un rude camouflet pour la production. Pourtant, le film est loin d’être franchement mauvais (les acteurs le sont peut-être en revanche). Il existe des réalisations dans la même catégorie franchement pire (cf. Les 4 Fantastiques ou Catwoman). Il s’agit surtout d’un problème de temps... mais avec ce dernier vert, les adaptations DC pourraient bien boire la tasse.

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