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LA PLANETE DES SINGES : LES ORIGINES
samedi 20 août 2011, par
Rupert WYATT (1972-)
Etats-Unis, 2011, Rise of the Planet of the Apes
Andy Serkis, James Franco, Freida Pinto, John Lithgow, Brian Cox, Tom Felton, David Oyelowo.
Après un remake du film originel réalisé par Tim Burton en 2000, qui n’apportait rien de bien neuf à l’histoire conçue par Pierre Boulle, au-delà d’un hommage plutôt réussi, la saga de La planète des singes, qui s’était incarnée en cinq longs métrages (dont un sixième en projet) et une série télévisée entre 1968 et le mitan des années 70, se trouve relancée avec vigueur par ce nouveau film, qui se veut retour dans le passé, à la façon de bien des productions cinématographiques de cette dernière décennie (que l’on pense aux nouveaux épisodes de Star Wars ou au dernier Terminator). Le plus surprenant, pour les amateurs de la saga, c’est que La planète des singes – les origines marche en fait sur les plates-bandes du quatrième film de 1972, La conquête de la planète des singes. Alors que le point de départ d’alors résidait dans la boucle temporelle ouverte par les explorateurs spatiaux du premier film, et poursuivie par Cornélius et Zira dans Les évadés de la planète des singes, on repart ici de zéro, comme pour mieux relancer la franchise, à l’image du Star Trek de J.J. Abrams.
Tout commence par des expériences pratiquées dans un laboratoire pharmaceutique privé, visant à découvrir un remède contre la maladie d’Alzheimer. Les virus testés sur des chimpanzés, malgré des résultats encourageants, semblent déboucher finalement sur un échec, conduisant à l’euthanasie des singes cobayes. Seul un nouveau-né est épargné et finalement adopté par le scientifique Will, géniteur du projet, célibataire vivant avec son père atteint par Alzheimer. C’est ce dernier qui le baptise César, et ce jeune singe, à qui sa mère a transmis génétiquement le fameux virus, connaît une croissance foudroyante de ses capacités intellectuelles. Parallèlement, Will rencontre l’amour avec la ravissante Caroline, vétérinaire de son état, et expérimente son virus sur son père, d’abord avec succès, avant que son organisme ne finisse par le rejeter, ce qui amène Will à perfectionner son virus, au risque de conséquences dramatiques pour l’homme...
Tout bascule le jour où le père de Will, ayant voulu conduire la voiture du voisin, se retrouve menacé par ce dernier, ce qui provoque l’intervention de César et son placement dans une ménagerie simiesque. Là, il est confronté à la violence gratuite d’un de ses gardiens, incarnation de la violence des hommes à l’égard des animaux, et doit surtout s’imposer face à ses semblables. Se sentant abandonné par son père adoptif, il parvient à inoculer le virus à ses compagnons de captivité, leur apportant la lumière de l’intelligence et conduisant à leur évasion, à la destruction de l’entreprise pharmaceutique et à un climax très convaincant, une véritable bataille sur le Golden Gate Bridge entre les singes, menés par un César digne héritier de son prestigieux homonyme, et les forces de police.
Rares sont les incohérences (l’orang-outan capable de maîtriser le langage des signes sans intelligence augmentée ?), et les scénaristes se sont amusés à conserver des liens avec la série de films antérieurs par quelques clins d’œil identifiables par les amateurs : la mère de César se nomme Beaux-Yeux, qui n’est autre que le surnom donné à Taylor par Zira dans le premier La planète des singes ; l’orang-outan Maurice, compagnon de captivité de César, a travaillé auparavant dans un cirque, exactement comme le César originel après la mort de ses parents ; enfin, le premier mot prononcé par un singe contre la domination humaine reste le fameux « non ! ». Pas de jeux sur le temps ici, mais une critique du capitalisme à travers le manque de précautions prises par le laboratoire dans sa quête effrénée de profits rapides et mirifiques. La peur de l’embrasement nucléaire, pour sa part, est remplacée, d’une manière finalement bien peu novatrice, par celle d’une pandémie provoquée par l’homme, ouverte par les mythes autour du SIDA et récemment entretenue par la grippe porcine.
Quant au couple Will et Caroline, dont la romance, seulement visible en arrière-plan, ne vient jamais polluer l’intrigue du film, il permet de confronter l’apparente voix de la raison, sinon de la résignation à l’ordre naturel (Caroline), face à la volonté démiurgique de le transformer (Will, qui apparaît comme un docteur Moreau plus soft). Seul bémol visuel, le choix d’images de synthèse afin d’animer les singes, pour impressionnant que soit son rendu, laisse toutefois subsister une légère trace d’artificialité qui fait regretter les vrais singes ou les classiques maquillages… Bien sûr, le film laisse ouverte bon nombre de pistes de réflexion, mais son efficacité permet d’être optimiste quant à une suite annoncée, le générique de fin laissant voir d’une bien belle manière la diffusion du virus mortel à la Terre entière via les lignes aériennes, à l’instar de ce que l’on pouvait déjà deviner dans L’armée des douze singes.