Les étoiles s’en balancent

Laurent WHALE (1960-)

France, 2011

Black Coat Press, coll. "Rivière blanche", 378 p.

ISBN : 978-1-61227-012-8

Laurent Whale, jeune auteur qui monte, livre avec Les étoiles s’en balancent un roman fidèle à la meilleure tradition du Fleuve noir, proche des oeuvres post-apocalyptiques de Julia Verlanger (la trilogie des Hommes marqués, récemment rééditée par Bragelonne dans La Terre sauvage).

L’intrigue se déroule dans les années 2060, en Seine-et-Marne. Après une succession de crises économiques, le tissu social s’est peu à peu désintégré, laissant s’exprimer terrorisme, soulèvements de la misère et désirs d’autonomie à la base. Face à la déliquescence de l’Etat central, la France s’est émiettée en féodalités urbaines, entourées de bandes de nomades, les Hors-Murs. A Pontault, Tom Costa tente de survivre avec sa famille d’adoption, le vieil hippie anarchiste Armand et le jeune débrouillard Mikki. Tom, pour sa part, sait piloter, ce qui en fait un élément rare au sein de la commune. Après une expédition qui a mal tourné, ayant entraîné la perte de son ULM, il n’échappe à la vengeance de Jao, le fils du maire, que grâce à l’intervention du mystérieux Nemo. Il faut dire que dans ce monde où la priorité de chacun est la survie quotidienne, une menace semble venir du nord : des hommes armés et vêtus de noirs massacrent ou repoussent les populations se trouvant sur leur passage, Pontault risquant d’être une de leurs futures cibles. Tom se retrouve alors mobilisé par l’alliance entre Pontault et Meaux afin de mettre sur pied une escadrille volante afin d’assurer la défense des deux villes…

Si son cadre peut sembler d’une originalité limitée, Les étoiles s’en balancent sait se faire prenant par deux atouts majeurs : un style d’écriture à la première personne facilement familier, par là même très réaliste, facilitant l’immersion du lecteur, et une maîtrise certaine du scénario. Les révélations sont régulières, bien dosées, et l’action omniprésente, centrée en particulier sur les déplacements aériens, dont les aspects techniques sont plutôt détaillés. Certes, on peut regretter que le duo Tom – Armand ne soit pas davantage développé (il évoque celui de Sol et Thorn dans le film Soleil vert), tout comme les événements précis ayant conduit à la situation du roman (seuls quelques chapitres s’ouvrent par de courts flash-backs), ou que certains éléments manquent de crédibilité du fait de leur caractère elliptique (ainsi de ces amazones venues de Scandinavie), mais l’efficacité de ce Mad Max aérien est incontestable, avec en prime une critique des militaires toujours appréciable en ces temps où certains souhaiteraient revenir à des temps surannés de fidélité à la défense de la patrie...