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Visa pour l’outre-temps

samedi 5 novembre 2011, par Maestro

Bernard VILLARET

France, 1976

Denoël, coll. "Présence du futur", 192 p.

Après Mort au champ d’étoiles et Deux soleils pour Artuby, Bernard Villaret poursuit son exploration de notre avenir avec un roman en trompe l’œil, puisque son personnage principal, Sinclair Foulk, a de forts points communs avec l’auteur lui-même : écrivain de science-fiction, il est enlevé par des visiteurs du futur alors qu’il pêche dans l’atoll de Bora Bora. Le monde du troisième millénaire qu’il découvre est un mélange de volonté réactionnaire et d’esprit révolutionnaire, propre aux années 70.

Ainsi, l’Europe, l’Afrique et l’Asie, désormais unifiées, sont revenues à un mode vie agricole, les villes ayant toutes disparues au profit de communautés anarchistes rurales, mêlant le meilleur du socialisme (altruisme et planification) et du capitalisme (émulation et concurrence). Chaque habitant, fonctionnaire, doit s’acquitter de trois mois de travail obligatoire seulement. Ayant fait leur les analyses du Club de Rome, ces humains de l’avenir ont renié l’idéologie du progrès, abandonné la société de consommation et appliqué la décroissance, supprimant du même coup la pollution, avec l’idée clairement affirmée de revenir à un âge d’or passéiste, placée sous l’égide des « prophètes », dont Rousseau, ou, indirectement, Fourier et les surréalistes ; pour se chauffer, le bois, pour s’éclairer, la lampe à carbure ! L’écologie est en tout cas au cœur de cette société, soucieuse d’harmonie avec la nature. A contrario, l’Amérique est restée fidèle à un développement quantitatif, destructeur de la nature, dont les chefs de file sont les « Syndicaïds », dirigeants syndicaux devenus maîtres absolus, qui contrôlent les habitants dotés de numéros de matricule par le biais d’un ordinateur central, « Big Mamma » (sic !).

Plus étonnant, à côté de clichés sur les Chinois, Villaret, qui n’en est pas à un paradoxe près, fait de la « révolution culturelle maoïste » une importante source d’inspiration de son utopie, de son « grand Retour en arrière » (« Au maoïsme de jadis, nous avons pris son caractère humain, tout en rejetant le marxisme et son asservissement stérile », p.42, parmi d’autres leçons du « philosophe-empereur » Mao). Au passage, Villaret énumère quelques rappels de son histoire du futur exposée dans ses précédents ouvrages, invasion extra-terrestre avortée, déferlement des Chinois (sic) et vague de révolutions « néo-marxistes », « anarchistes ou ultra-gauchistes » qui n’ont eu pour seul résultat que des millions de morts, « saignées nécessaires » afin de diminuer le poids démographique. Car « Pour l’homme, le bonheur est beaucoup plus important que les idéologies politiques, lesquelles ne l’y conduisent jamais. Parce que toutes les idéologies – quelles qu’elles soient- sont à la fois simplistes et conservatrices » (p.33). Un méli-mélo à la fois ridicule et visionnaire.

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