Aquablue - le cycle de Tetlaan

Scénario : Thierry CAILLETEAU (1959-)

Dessin : SIRO (1969-)

Delcourt, coll. "Conquistador", 2 vol., 2004-2006

Comme pour les autres cycles spin off, le quatrième cycle de la série Aquablue est constitué de deux albums, les tomes 10 Le baiser d’Arakh et 11 La forteresse de sable, et met en scène les aventures de Nao et de ses amis dans le cadre de la fondation Aquablue.

Il s’agit cette fois de convoyer sur la sablonneuse planète Tetlaan de l’équipement archéologique gracieusement offert par la fondation au professeur Marelian, qui dirige des fouilles sur un ancien temple, lequel a aussi demandé à Nao de lui apporter quelques affaires personnelles. Ce que Nao découvre sur Tetlaan ne lui plait guère : la planète est dirigée par un potentat (le salmir) qui gouverne par le fouet et doit faire face à une rébellion avivée par les fouilles terriennes qui ont réveillé de vieilles peurs superstitieuses. A la différence de l’expérience d’Aquablue, le salmir a parfaitement su contrôler l’ingérence terrienne sur sa planète en dépit de son infériorité technologique et les représentants de la Terre ont à coeur d’éviter l’incident diplomatique pour conserver les concessions minières octroyées ou l’autorisation de fouilles. Autant dire que l’arrivée de l’opiniâtre et curieux Nao augmente le risque de ces accidents. Un peu d’indiscrétion permet à Nao de découvrir un sombre trafic d’armes destiné à écraser la rébellion. Mais c’est l’ouverture du temple et la découverte du sarcophage de la reine maudite Marachna qui activent les engrenages et Nao se retrouve prisonnier de la reine, revenue des morts grâce à son pacte avec le démon Arakh pour se venger de l’assassin de son amant dont elle croît Nao être le descendant.

Impossible de ne pas sentir un réel essoufflement de la série au travers de ce cycle. Outre que ce sont les derniers volumes pour lesquels Thierry Cailleteau préside au scénario - il était le seul créateur d’Aquablue restant à travailler sur la série, même si Olivier Vatine a prêté la main au story-board du Baiser d’Arakh -, Siro est le troisième dessinateur à œuvrer dessus après Olivier Vatine et Cyrus Tota. Certes, cette absence d’unité de la série n’est absolument pas nuisible au dessin dans la mesure où Siro a un style graphiquement proche de celui de Tota.

C’est le scénario qui semble surtout marquer un essoufflement, ce qui explique peut-être le départ de Cailleteau. Le prologue ouvrant Le baiser d’Arakh rappelle furieusement le film Le retour de la momie avec le roi-scorpion et nombre de détails incitent ensuite à penser à une influence, notamment la multiplicité des arachnides, ces cousines des scorpions. Indépendamment de cela, la thématique de l’archéologie et de la tombe maudite n’a absolument rien de novateur. Certes, la série originelle trahissait déjà des influences mais les incorporait à un scénario autrement plus original.

Tout héros qu’il soit Nao est largement dominé par les évènements et le dénouement, pour original qu’il soit, est un peu mièvre avec son laïus sur l’amour. Si on considère en plus la faiblesse de Nao pour la sculpturale Chiara (comme quoi Siro maîtrise aussi les courbes...), alors qu’il vient de devenir père au début du Baiser, on se demander si Thierry Cailleteau, lassé par la série, n’a pas voulu démolir sa création en entachant son héros.

Une autre évolution s’inscrit dans la continuité des tomes précédents avec la progressive mise au second plan des autres personnages. Quoique présents Rabah et Carlo sont moins actifs avant l’action finale et servent surtout de faire-valoir comique (ce qui était déjà le cas avant). Quant à Maurice Dupré, c’est à se demander pourquoi il est là.

Voilà assurément un cycle dispensable dont on aurait pu croire qu’il mettrait un terme à la saga Aquablue. Et pourtant...