Accueil > CINECSTASY > A > L’AGENCE
L’AGENCE
Girl next Door
samedi 31 décembre 2011, par
George NOLFI
Etats-Unis, 2011, The Adjustement Bureau
Matt Damon, Emily Blunt, Anthony Mackie, Terence Stamp, John Slaterry
Comme souvent dans une adaptation de Philip K. Dick, le résultat n’a qu’un lointain rapport avec la nouvelle initiale (en l’occurrence, « Rajustement » (1954) qui a été publiée à nouveau à l’occasion de la sortie de L’agence dans le recueil Souvenir). En fait, la nouvelle fournit une idée autour de laquelle un autre scénario est reconstruit.
Le soir où David Norris perd l’élection sénatoriale de l’état de New York, il rencontre Elise. Ce qui n’était pas prévu dans le plan, c’est qu’il la rencontre à nouveau trois mois après dans un bus dans lequel il n’aurait pas dû monter pour arriver à l’heure au bureau. L’employé du bureau des ajustements chargé d’assurer le retard de Norris s’est endormi. Ce faisant, David Norris surprend les hommes du Bureau en pleine action d’ajustement des pensées de ses associés. Comme on échappe pas à des types capables d’ouvrir les portes sur des espaces qui ne correspondent pas à ce qu’il devrait y avoir derrière, David est rapidement coincé. Il se voit ordonner de ne rien dire quant à l’existence de l’Agence sous peine d’une lobotomie. Les agents lui expliquent qu’ils ont pour mission de s’assurer que le plan se déroule selon les prévisions du directeur. Et le plan ne prévoit pas que David revoit Elise à nouveau. Qu’est-ce que vous feriez si vous étiez amoureux d’une femme et que trois ans après vous la croisiez à nouveau dans la rue ? L’agence va avoir du fil à retordre.
A nouveau la SF prouve qu’elle peut alimenter des histoires d’amour avec talent. L’agence rejoint sur ce plan Pile et face et Un jour sans fin. Emily Blunt et Matt Damon endossent parfaitement leurs rôles et livrent une comédie romantique très réussie. Cela devait être écrit dans le plan.
Quoique très vague quant à la nature des agents de l’agence (« Êtes-vous des anges ? » demande David) ou de leur directeur, le scénario repose sur un fond de religion des plus traditionnels : le débat sur le libre arbitre de l’Humanité. La version est ici clairement protestante puisque le destin de David est écrit. Le dialogue se paie même un clin d’oeil à Luther et ses copains réformateurs en évoquant la suspension du libre arbitre à la fin du Moyen Âge.
L’agence n’est pas pour autant le cadre d’un débat métaphysique. David doit trouver la bonne porte pour accéder à Elise.