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TIME OUT

horloge biologique

samedi 26 novembre 2011, par von Bek

Andrew NICCOL (1964-)

Etats-Unis, 2011, In Time

Justin Timberlake, Amanda Seyfried, Cilian Murphy, Alex Pettyfer, Vincent Kartheiser, Olivia Wilde, Johnny Galecki

Chose étonnante, Philip K. Dick n’est pas à l’origine de Time Out. On aurait bien vu l’auteur de « Rapport minoritaire », avec son sens de la dystopie, avoir écrit une nouvelle qui aurait pu avoir vaguement inspiré le film d’Andrew Niccol, comme les autres nouvelles qui ont plus ou moins vaguement inspiré Minority Report, Pay Chek, Total Recall, Impostor, Next ou Planète hurlante... Mais non, Andrew Niccol en est bien l’auteur. Pas si étonnant que cela quand on y regarde de plus près : n’en a-t-il pas été de même pour tous ses autres films parmi lesquels pour le moment seul Lord of War n’aurait pas sa place sur Wagoo ? Il est aussi l’auteur du Truman Show.

Dans le monde de Will Salas, les expressions « horloge biologique » et le « temps, c’est de l’argent » ont pris un sens très réel. La génétique permet d’arrêter le vieillissement à 25 ans. Au même âge, l’être humain ne dispose plus que d’un an à vivre, à la seconde près, s’il ne prend garde à provisionner son horloge interne en temps gagné au travail, pour les gens honnêtes, ou volé, pour Fortis et son gang des Minutemen. Les unités de temps sont librement transférables d’un individu à l’autre ou à une machine pour payer ses achats.. Bien entendu, un tel système n’a pas supprimé les inégalités mais les rend encore plus injustes. Certains, comme Will Salas, regroupés entre eux dans un ghetto, galèrent chaque jour pour gagner les heures qui leur permettront de payer le loyer, la nourriture qui augmentent régulièrement, et de vivre un jour de plus. D’autres, comme la famille de Sylvia Weiss, ont bâti leur fortune et peuvent vivre éternellement jeune dans des quartiers privés dont l’accès est payant en temps bien entendu. Mais quand un homme de ces gated communities vient s’encanailler chez les premiers avec un capital séculaire dans l’avant-bras, il risque sa vie. Vie que Will Salas sauve pour se voir récompensé de tout le temps et du même coup suspecté de la mort de celui-ci. Les gardiens du temps veillent, mais pas assez pour empêcher Will de se rendre dans le quartier privilégié et de s’infiltrer dans la haute. Quand ils le retrouvent, le salut est dans la fuite, emmenant Sylvia comme otage. Le temps ne leur manquera pas assez pour que l’otage prenne un temps de réflexion sur la condition des plus démunis. Commence alors pour le couple une course contre toutes les montres, à commencer par les leur.

Andrew Niccol est le roi de l’image aseptisée. Pas politiquement correcte, non, aseptisée. Cela doit être un art que de rendre froid, propre, la moindre image. Bienvenue à Gattaca avait merveilleusement profité de ce talent. Dans Time out, le réalisateur parvient à aseptiser le ghetto de Will Salas comme personne. Certes les friches industrielles, les aqueducs de Los Angeles qui ont servi de lieu de tournage, ne sont pas propres, pas plus que les toilettes du bouge où le richard égaré manque de se faire soulager de son temps, mais sous la direction de Niccol, ils le deviennent. Quand il s’agit de mettre en scène le quartier riche, ce talent sert magnifiquement les besoins du scénarios, mais en dehors, tout est décidément trop propre. Heureusement, ce talent ne s’étend pas aux acteurs. Même si les personnages semblent faire preuve d’un calme olympien le plus souvent, ne laissant place parfois qu’à une colère... froide.

Difficile aussi de ne pas reconnaître à Andrew Niccol un autre talent, plus réel celui-là : la créativité. Prendre au pied de la lettre les expressions déjà citées peut ne pas sembler très difficile. Encore fallait-il trouver comment les mettre en scène ! Malheureusement cette créativité a les limites du 7e art : elle ne prend pas le temps, car cela coûte cher, d’expliquer le pourquoi du comment. Ainsi, le fonctionnement de l’horloge n’est jamais questionné, car Will ne cherche jamais à la pirater. Le découpage en zone n’est pas clairement expliqué. Le propos va à l’essentiel. Il délivre son message aucunement subtil et surtout pas surprenant de la condamnation des inégalités sociales trop poussées. Will et Sylvia jouent un road movie : Bonnie et Clyde version Robin des Bois ou Jessie James, c’est selon. Rien d’original donc.

Pourtant, quelques petits détails rendent le film savoureux. Andrew Niccol sait raconter une histoire. Quand Justin Timberlake se lève au tout début du film et fait la bise à Olivia Wilde pour son anniversaire en l’appelant maman, quel choc ! Mais quel meilleur moyen pour illustrer ce que l’introduction vient d’apprendre au spectateur quant à l’arrêt du vieillissement. Il faudrait encore évoquer le temps populaire, les crédits temporels, les banques et quelques autres idées.

Alors Time out vaut bien le temps passé à le regarder, mais vaut-il le prix d’une place de ciné aujourd’hui, c’est moins sûr. Comme quoi le temps ne vaut pas de l’argent.

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