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Utopiales 2011

samedi 11 février 2012, par Maestro

Jérôme VINCENT (dir.)

France, 2011

ActuSF, coll. "Les Trois Souhaits", 240 p.

Pour la troisième année consécutive, les éditions ActuSF proposent une anthologie d’auteurs généralement invités à ce désormais traditionnel festival de l’imaginaire nantais. Ce cru 2011 affiche sept textes au programme, dont une majorité de français et de nouvelles inédites (seules deux ne le sont pas).

James Morrow, avec « Le radeau du Titanic », livre une uchronie dont le point fort n’est pas le réalisme, puisque qu’elle met en scène plusieurs milliers de survivants du célèbre transatlantique préservés sur un gigantesque radeau, construit pendant que le navire sombrait, et qui n’hésitent pas à devenir cannibales pour survivre. On peut y voir tout à la fois le rêve d’une autre évolution, à l’opposé du premier conflit mondial, mais également la simple métaphore de notre propre histoire (le cannibalisme, reflet de la boucherie de 14-18 ? la tentative de révolution communiste, allusion à l’échec final de la révolution d’octobre ?)… Un texte plaisant mais finalement assez léger.

« Le train de la réalité (fragment) » de Roland C. Wagner a comme principale limite de compléter par la marge sa récente uchronie, Rêves de gloire, en laissant s’exprimer un vieux rocker dont le témoignage nous apporte quelques éclairages sur le contexte de censure du rock dans cette France alternative du début des années 60 et sur le mystérieux 45 tours qui est au cœur du roman. Avec « L’invention du hasard », Norbert Merjagnan semble vouloir faire preuve de davantage d’ambition. Son récit met en effet en scène une adolescente rebelle et un vieux milliardaire qui échangent leurs corps respectifs, sur fond d’avenir proche, où les implants sont généralisés et les paradis fiscaux en orbite. Malheureusement, en dépit d’une écriture séduisante et soignée, la montagne accouche d’une souris, tant l’on peine à voir où veut en venir l’auteur. Il en est d’ailleurs de même avec « Pragmata », de David Calvo, histoire elliptique menée à la première personne par un marginal.

En fait, « Lignes parallèles », la nouvelle de Tim Powers, plus classique, est aussi plus concluante. La vision qu’elle offre de ces jumelles sexagénaires évite en effet tout angélisme, délicieusement cruelle dans sa description de cette sœur étouffée par celle qui vient de mourir mais refuse de le rester… Il en est de même pour le seul texte plus ancien, « Salvador », de Lucius Shepard, daté de 1984, une anticipation qui imagine l’intervention de forces spéciales étatsuniennes au Salvador dans le cadre de la lutte contre les sandinistes, mais en faisant intervenir les forces magiques ancestrales, un bon moyen de transcender le traumatisme subi par ces militaires de base, proche en cela d’un autre de ses textes contemporains, « Le chasseur de jaguar » (in Utopiales 2010) et même de la nouvelle de Geoff Ryman, « Le pays invaincu. Histoire d’une vie » (dans Les continents perdus, anthologie où Lucius Shepard était également au sommaire). Quant à Eric Holstein, avec son « K**l me, I’m famous ! », qui aurait été parfaitement à son aise dans l’anthologie Rock Stars, il propose une explication du génie artistique et de sa conclusion parfois tragique déclinant le thème du vampire et de l’éternelle jeunesse, efficace à défaut d’être révolutionnaire. Un bilan plutôt inégal et décevant, au final, pour ces Utopiales 2011.

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