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Le principe de l’oeuf
samedi 11 février 2012, par
Dominique DOUAY (1944-)
France, 1980
Calmann-Lévy, coll. "Dimension SF", 224 p.
Roman indépendant, Le principe de l’œuf est une œuvre mineure de Dominique Douay, qui n’atteint pas à l’excellence de Cinq solutions pour en finir ou La vie comme une course de chars à voile.
Il s’agit d’une uchronie au départ assez classique, puisque l’Axe n’a pas perdu la Seconde Guerre. Les accords de Nuremberg lui ont en effet permis de conserver la quasi-totalité de l’Europe sous sa coupe, tandis que le reste du monde est partagé entre les Etats-Unis, le Bloc de l’Est mené par l’URSS et la Confédération eurafricaine, nouvelle incarnation d’un empire français réduit à ses seules colonies. Le hic, c’est que ce cadre n’est qu’esquissé, sans explication substantielle sur la nature exacte du point de divergence, ni développements détaillés sur les évolutions qu’a connu ce monde alternatif jusqu’au début des années 80.
A la place, on suit les aventures de Charles Landelais, pauvre personnage qui ne maîtrise rien de son parcours, dont l’exposé est d’ailleurs très linéaire. Il est d’abord enlevé puis soumis à un traitement inhumain de la part d’agents étatsunien et français, un traitement ayant pour finalité de lui imprimer une nouvelle identité, celle de Karl Landler, de façon à l’envoyer en mission au sein même de l’Europe nazie, désormais isolée par un mur infranchissable. On pense ici, outre au Marcom de Cette chère humanité de Philippe Curval, au calvaire vécu par certains prisonniers politiques dans les prisons des dominants. Landelais découvre donc l’Europe nouvelle et tombe amoureux d’Evelyne, une comtesse amie de l’œuf. Derrière cet étrange intitulé, se trouve le fruit des expériences nazies sur la génétique, l’œuf étant en réalité l’être aryen parfait. En allant à sa rencontre, au sein d’un laboratoire transformé en véritable cour des miracles, Landelais découvre un être difforme, mais pourvu de pouvoirs psychiques qui le rendent capable de créer des univers parallèles.
Le lien avec les questionnements de Strates reste cependant ténu, et au-delà du dénouement, qui semble laisser à penser que Landelais et son aimée se retrouvent finalement dans notre trame historique, le message profond est bref : « Ce qu’ils désirent tout au fond d’eux-mêmes, c’est quelqu’un pour guider leurs pas » (p.216).