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Eden

Complex 1

samedi 10 mars 2012, par Maestro

Laurent BONZON & Denis BRETIN

France, 2006

Initialement paru aux éditions du Masque, ce premier volet d’un diptyque se trouve situé à la charnière de deux genres. Il s’agit en effet d’un véritable techno-thriller, qui tient à la fois du polar noir (efficacité de l’écriture, univers social glauque, personnage central d’un policier) et de l’anticipation. L’intrigue, éminemment contemporaine, commence avec l’action coup de poing d’un groupuscule écologiste radical, qui s’attaque par le feu à une serre abritant des fleurs génétiquement manipulées. Parmi ces activistes, Thomas Hearing, qui parvient on ne sait comment à pénétrer, durant l’opération, au sein d’un laboratoire ultra protégé dans le sous-sol de la serre : il y récupère un mystérieux échantillon, ainsi qu’une étrange souris aux yeux verts, mais se blesse au point de voir son comportement changer peu à peu… Parallèlement, l’inspecteur Renzo Sensini, employé par Interpol mais marginalisé dans sa carrière, est chargé d’enquêter, avec son assistant Dragulescu, véritable geek, sur l’action du groupe écoterroriste Eden, dont l’action revendiquée est démentie par le propriétaire de la serre, le magnat du commerce de roses, Naeliev. Les intérêts concernés sont toutefois tellement élevés que les cadavres ne vont cesser de s’accumuler sur les pistes suivies par les deux enquêteurs.

L’univers du duo d’auteurs a des aspects indéniablement cinématographiques, du couple de tueurs russes, totalement déjantés, au père Naeliev, véritable figure de méchant à la James Bond, en passant par sa fille, mélange de belle et de bête. Le rythme est en tout cas soutenu, se déployant tout au long d’une intrigue qui distille ses révélations au compte-goutte (ainsi sur le passé de Sensini, ancien prêtre ayant depuis viré sa cuti) et privilégie des manipulations plurielles. Au cœur de cette prose haletante, les incohérences sont rares (ainsi de la surprenante pitié de Sensini pour tuer non seulement une de ses poursuivantes, mais également son acolyte, dangereusement épargné). Si les auteurs semblent partager une certaine méfiance à l’égard de la manipulation inconsidérée de la nature, leur tableau des milieux altermondialistes souffre d’un simplisme caricatural et à charge (seraient-ils lecteurs du Un si joli petit monde de Isabelle Saporta ?). On appréciera par contre leur illustration des collusions entre pouvoirs politiques et scientifiques, ainsi que les forces de la nature mises en scène, hostiles à l’homme qui ne les respecte pas, mais également force opposée que l’humanité a dû maîtriser pour progresser. De même, l’idée selon laquelle, pendant la guerre froide, l’occident aurait privilégié les progrès basés sur la robotique, à l’opposé du bloc de l’est misant davantage sur la génétique et la manipulation de l’humain est intéressante, bien que trop rapidement survolée. Mentionnons pour terminer une particularité éditoriale, un texte parallèle imprimé sur une ligne de petits caractères en bas de chaque page, une façon de se connecter au monde du net et à ses hyperliens ?

La suite : Sentinelle.

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