Accueil > TGBSF > A- > Axis
Axis
samedi 21 avril 2012, par
Robert Charles WILSON (1953-)
Canada, 2007
Denoël, coll. "Lune d’encre", 2009, 400 p.
Axis est la suite du passionnant Spin, second volet d’une trilogie qui doit a priori se conclure avec Vortex. La Terre - et Mars, terraformée, ultérieurement - ont donc été isolés du reste de l’univers par de mystérieuses intelligences cosmiques, baptisées les Hypothétiques, parcourant quelques milliards d’années d’évolution en un temps record. Ces mêmes insaisissables entités ont aussi fait apparaître sur Terre et sur Mars des Arcs, immenses portes menant vers des planètes extra-terrestres habitables par l’homme, fruits également de la technologie des Hypothétiques.
Dans ce second volet, on retrouve certains personnages de Spin, en particulier Diane Dupree, devenue une Quatrième Âge, c’est-à-dire une personne à la longévité accrue grâce à la science martienne. Mais le roman gravite surtout autour d’un classique triangle amoureux, composé de personnages ayant tous un lourd passé à porter : Lise, dont le père, Robert Adams, a disparu alors qu’elle n’avait que quinze ans, et dont elle cherche à retrouver la trace ; Turk, un débrouillard qui a fui la Terre suite à une accusation d’incendiaire, et qui est tombé amoureux de Lise ; Brian, l’ancien mari de Lise, qui espère renouer leur relation, et travaille pour la Sécurité génomique, qui traque les Quatrièmes Âges. Il faut ajouter à ce trio Isaac, l’enfant qui doit permettre de communiquer avec les Hypothétiques…
L’action se déroule sur Equatoria, ce nouveau monde accessible depuis l’Arc de l’océan indien, véritable incarnation du mythe de la Frontière, avec sa population cosmopolite, sa liberté interlope et les efforts des Nations Unies et des multinationales pour imposer leur ordre. Comme toujours avec Robert Charles Wilson, la prose est limpide, sensible et empathique, générant un authentique plaisir de lecture. L’auteur prend bien soin de distiller les informations, sur la nature des Hypothétiques et la possible connaissance de leur finalité en particulier, mais en dehors de ce caractère un peu frustrant, et de rares incohérences (un téléphone portable qui ne permettrait pas de pister quelqu’un si aucun appel n’est donné ou reçu ?), Axis est presque aussi agréable que Spin.
On peut même voir dans cet ensemble un hommage à la SF anglo-saxonne des années 40 et 50, évoquant aussi bien Clifford D. Simak (le propos profondément humain et cette capacité de rêver devant les étoiles, ainsi des flash-backs de Lise et de son père dans la véranda familiale) qu’Arthur C. Clarke (le passage à un stade supérieur de l’humanité représenté par les Quatrièmes Âges, ou la transcendance devenue matérialiste par son incarnation extra-terrestre). Subsiste malgré tout une ambiguïté, sur la nature proprement divine ou non de ces Hypothétiques, que l’on verra sans doute se résoudre dans le dernier volet du cycle. Quant au thème des manipulations génétiques, celles des Quatrièmes Âges ou d’Isaac, on saisit tout ce qu’il possède d’actualité, générant des réactions variées (acceptation sous certaines conditions, condamnation d’une menace pour l’équilibre social), même si Robert Charles Wilson donne l’impression d’en rester à une réflexion d’ordre moral.