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FINAL CUT

mercredi 1er juin 2005, par von Bek

Réalisateur : Omar NAIM (1977-)

Année : Etats-Unis, 2004, The Final Cut

Acteurs : Robin Williams, James Caviezel, Mira Sorvino

On dira peut-être que Photo obsession (Mark Romanek, 2002) représente un tournant dans la carrière de Robin Williams. Incarnant souvent des personnages heureux de vivre et soucieux de donner une bonne philosophie de la vie, souvent infantiles (cf. Toy, Barry Levinson, 1992), mais qui ne sont pourtant pas protégés de la dure réalité quotidienne, Robin Williams adopte dans le film de Romanek une personnalité torturée, malheureuse. Après Insomnia (Christopher Nolan, 2002), il revient, avec le personnage d’Alan Hakman à un rôle moins dangereux pour les autres. Encore que...

L’implant Zoë enregistre chaque minute de la vie de son porteur, mais celui-ci ne peut accéder (du moins pas sans danger) au film de ses souvenirs qui servira au cours de sa cérémonie funèbre. Etant donné que celle-ci "n’est qu’une manifestation sociale compliquée et conventionelle dont le mort est le principal ornement" (Steinbeck), il est hors de question de projeter une vie dans son intégralité. Outre une longueur parfois indécente, la vie humaine recèle en effet quelques turpitudes qu’il vaut mieux laisser ignorées. Sa vie est donc soigneusement nettoyée au montage de toutes les horreurs qui sont le propre - enfin le sale, plutôt- de l’humanité. C’est le boulot d’Alan, le meilleur dans sa partie. Sans doute parce qu’il ne peut effacer de sa mémoire un événement tragique survenu dans son enfance. Aussi est-il fait appel à lui pour mettre en scène la vie de Charles Bannister, l’avocat de la société Zoë Technologie, un film que les personnes hostiles à l’implant aimeraient pouvoir utiliser pour mettre à bas la compagnie. Alors qu’Alan se voit menacé par un ancien monteur de ses amis, il découvre dans la vie de Bannister un élément troublant pour son passé et décisif pour son présent.

Il ne s’agit pas d’une énième dénonciation du totalitarisme et de la surveillance : Big Brother isnot watching you. C’est au contraire la vanité de notre société qui est ici soulignée. Implanté, l’individu est-il encore libre de ses actes ? Ne peut-il être tenté de bien se comporter pour laisser une bonne image de lui ? D’où le suicide de certains implantés, donnant raison à Cioran qui s’étonnait que la perspective d’avoir un biographe n’ait fait renoncer personne à avoir une vie. Film court, Final Cut est davantage un film sur la conscience, dont tous les personnages sont torturés ou le cachent. Omar Naim, dont il faut saluer ici la créativité, s’est montré soucieux de ne pas quitter le cadre intimiste de son scénario. A aucun moment, l’histoire ne s’élargit sur la société qui sert de cadre au film et l’implant Zoë ne devient pas un débat national. Faut-il le regretter ?

Ce n’est pas non plus une civilisation technologique qui est ici dénoncée. En fait, la guillotine - l’ordinateur qui sert à faire le tri dans les millions d’images des implants - constitue le seul appareil électronique du film. Même les archives de la société Zoë sont des archives papiers. Cet étonnant contraste est encore renforcé par le mobilier, les voitures des années 50 à 70 qui apparaissent dans le film.

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