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SEXY DEVIL

The Devil and Daniel Webster

samedi 23 juin 2012, par von Bek

Alec BALDWIN (1958-)

Etats-Unis, 2001-2007, Shortcut to Happiness

Alec Baldwin, Jennifer Love-Hewitt, Anthony Hopkins, Dan Aykroyd, Kim Cattrall, Barry Miller

Dans une ultime tentative pour le sauver de l’échec financier, les diffuseurs de Shortcut to Happiness ont cru bon de substituer au titre original (ou à sa traduction) un autre plus accrocheur pour ne pas dire carrément racoleur. Certes, on ne peut pas nier la beauté du diable qu’incarne Jennifer Love Hewitt, même si quelque part c’est aussi reconnaître un penchant malsain pour les beautés légèrement anorexiques ou pour les adolescentes (pour cette dernière catégorie, c’est pas moi qui le dit, c’est Alec Baldwin dans le film). Pour autant n’était-ce pas donner le coup de grâce à un film qui avait déjà bien souffert depuis son tournage en 2001 jusqu’à sa sortie en 2007 ? Même, Alec Baldwin, qui en est le réalisateur, s’est vu évincer du générique ou plutôt dissimulé sous un pseudonyme. Au départ, la production s’était donné les moyens et tout partait d’une bonne intention, mais il paraît que l’enfer en est pavé...

Tout commence par une journée digne de vie de merde. Jabez Stone, écrivain inconnu car absolument pas publié, perd son gagne-pain de vendeur de vêtement dans une boutique ultra-chic, se ruine pour le cadeau d’anniversaire de mariage de ses parents parce que son richissime frère tire le chèque de 500$ qu’il lui avait donné, voit son manuscrit se faire refuser par le grand éditeur Daniel Webster en personne (Anthony Hopkins), se fait agresser et piquer son ordinateur portable contenant la seule version de son dernier livre dont il espérait tant et, dans un accès de rage, balance par la fenêtre sa vieille machine à écrire, tuant du même coup une vieille dame qui passait par là. Pourtant, Jabez Stone, en dépit d’un prénom horrible, n’est pas un mauvais bougre (il n’est même pas bougre du tout, sinon ce n’est pas Jennifer Love-Hewitt qui aurait frappé à sa porte quelques seconde après la défenestration de la machine à écrire mais Rupert Everett). La preuve, en début de soirée, il avait appris avec joie et sans jalousie aucune que son ami Julius Jenson (Dan Aykroyd) avait décroché un mirifique contrat pour une trilogie chez Webster. Mais il arrive un moment que la goutte d’eau fasse déborder le vase ou, apparemment, débarquer le diable, lequelle est sexy en elle-même et a des appâts qu’un looser ne refuse pas au terme d’une journée difficile : une décennie de réussite en échange de l’âme.

Le pacte est à peine scellé dans la chair que la réussite commence sous la forme d’une lettre annonçant que son manuscrit a été retenu et d’un charisme précurseur de la célébrité. Les années qui suivent sont des années qui hissent Jabez Stone au pinacle des listes de vente du New York Times, au sommet des gratte-ciel de Park Avenue et au dessus de tout un tas de jolies femmes et ce avant même que son livre ne soit publié. Cependant la réussite se paye au prix de la solitude et de la jalousie et Jabez Stone en vient à regretter son geste, réalisant qu’il n’a jamais été heureux. Allant chercher conseil auprès de Daniel Webster, il trouve un appuis solide prêt à le défendre devant la cour des contentieux avec l’autre-monde.

Aurait-il été une réussite que Sexy Devil n’aurait quand même pas marché en France. Pas seulement parce que son titre tente de dissimuler sa vraie nature en tentant le rapprochement avec d’autre film faustien comme Endiablé (Harold Ramis, 2000), mais parce qu’il est fondé sur des références qui n’appartiennent qu’à la culture américaine. Deuxième adaptation de la nouvelle « The Devil and Daniel Webster » de Stephen Vincent Benét, après Tous les biens de la Terre en 1941 par William Dieterle, le film d’Alec Baldwin n’a pour finalité que d’aboutir à la plaidoirie de Webster sur le libre-arbitre, un monologue classique des films faustiens (cf. L’associé du diable (Taylor Hackford, 1997)) dans leurs versions outre-atlantique. Signalons que Daniel Webster est aussi le nom d’un grand juriste américain. On pourrait même considérer que toute l’histoire de Jabez Stone ne sert qu’à cela et n’est donc qu’un emballage superflu. Du coup, le spectateur se trouve à déballer un cadeau pendant une heure et demie pour savourer quatre minutes de monologue, assez bien troussé il est vrai.

Le problème est qu’il fallait bien donner un sens à cet emballage et que ce sens n’est pas vraiment celui de la comédie, en dépit d’un ou deux trucs très amusants comme l’épouse de Julius. Sans que cela soit artificiel, Sexy Devil s’en prend donc au monde de l’édition et à ses pratiques de communication, capables de transformer une bouse infâme en un best-seller. Ce qui est vraiment le cas ici, car Jabez Stone a une forte propension à produire de la guimauve aux apparences de déjections. On est ici dans le domaine de la caricature sans que celle-ci parviennent à faire sourire.

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