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La transition de Titus Crow
samedi 19 mai 2012, par
Brian LUMLEY (1937-)
Grande-Bretagne, 1975, The Transition of Titus Crow
Fleuve noir, coll. « Les Lovecraftiens », p.217-480
Avec ce second volet du cycle de Titus Crow, Brian Lumley passe à la vitesse supérieure et fait feu de tout bois. Non content d’élargir le panthéon des créatures du mythe, en attribuant à Cthulhu plusieurs enfants également emprisonnés sur Terre, il envoie Titus Crow à travers les infinis de l’espace à bord de son horloge normande spatio-temporelle, un moyen de transport à la limite du ridicule, peut-être un clin d’œil à la cabine téléphonique du docteur Who… On découvre alors que le cosmos est bourré de vie, une vie parfois hostile (on pense aux redoutables chiens de Tindalos) mais également généreuse. La quête de Créateur d’étoiles, d’Olaf Stapledon, n’est pas si loin.
C’est ce que découvre Titus Crow dans une odyssée qui est en même temps voyage initiatique : échappant aux multiples périls semés par les Grands Anciens sur sa route, il meurt pour renaître plus jeune et reconstruit par les soins d’une intelligence mécanique, avant de se plonger dans les abysses du temps, comme pour (re)vivre un nouveau passé (celui des dinosaures, en particulier). C’est à ce prix qu’il parvient finalement au bout de sa route, ces nouveaux Champs Elysées qu’est la planète Elysia. Il y découvre l’amour absolu et la nature des Anciens Dieux, avant d’inviter son ami Marigny à le rejoindre, tandis que sur Terre, la lutte contre Cthulhu s’intensifie.
Si la mythologie lovecraftienne perd dans cet approfondissement de sa superbe horrifique et mystérieuse, elle en acquiert une plus grande cohérence (croisant aussi bien Hastur que Yog Sottoth, la Grande Race venue de Yth que Shub Niggurath, principe d’intergénèse), et une ampleur inégalée. Par ailleurs, il est difficile de ne pas succomber aux descriptions riches et exubérantes de Brian Lumley, mariant science-fiction et fantasy onirique, d’autant que l’auteur maîtrise à merveille le sens de l’intrigue. Alors certes, quelques longueurs dispensables sont là (le passage en Bretagne romaine ne sert pratiquement à rien), tout comme certains poncifs (cet amour entre Titus Crow et Tiania, ou le manichéisme humaniste de la cosmogonie), mais le plaisir de la lecture est sincère.