L’horloge des songes

Brian LUMLEY (1937-)

Grande-Bretagne, 1971, De Marigny’s Dream Quest

Fleuve noir, coll. « Les Lovecraftiens », p.481-702

Ce troisième épisode du cycle de Titus Crow, comme son titre original l’indique, hisse Henri-Laurent de Marigny, le compagnon fidèle, en personnage presque aussi valeureux et important que l’élu des Anciens Dieux. Autre changement important, on bascule ici dans les contrées du rêve, évoquées par Lovecraft dans ses Démons et merveilles.

La fantasy dont il est question se veut cependant matérialiste, puisque la magie est assimilée à une forme de technologie que l’on ne maîtrise pas, dans la droite ligne de ce qu’avait pu affirmer un Arthur C. Clarke. Il n’en reste pas moins que Brian Lumley révèle une fois encore son talent de conteur, tant les énumérations de lieux et de créatures peuplant ces terres oniriques transmettent d’émotion et d’exotisme magnétique. C’est d’ailleurs ce qui rend la lecture si plaisante, car l’intrigue ne brille pas vraiment par sa profonde originalité.

Marigny doit en effet aller délivrer des mains des êtres cornus de Leng son ami Titus Crow et sa bien-aimée Tiania, emprisonnés dans la cité désertée de Dylath-Leen. La prose se fait à cette occasion volontiers plus crue, comme pour refléter l’aggravation des antagonismes. Il faut dire qu’au fur et à mesure de la progression du roman, les plans de conquête des mondes du rêve humain par les créatures du Mythe de Cthulhu se font jour, convoquant Randolph Carter, le roi Kuranes, un Nyarlathotep trop peu impressionnant et même Kthanid, intervenant en personne dans la bataille.

Plus classique dans sa forme, L’horloge des songes, sans être le meilleur roman du cycle, contient suffisamment de visions et de rebondissements pour satisfaire le lecteur, comme un avant-goût de la trilogie que Brian Lumley consacra spécifiquement à cet univers onirique.