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Les compagnons de l’ombre - 10

samedi 20 octobre 2012, par Maestro

Jean-Marc LOFFICIER (1954-)

France, 2012

Black Coat Press, coll. "Rivièr blanche", 300 p.

ISBN-13 : 978-1-61227-129-3

Et de dix pour cette série anthologique d’anthologie, désormais solidement installée dans le paysage éditorial français ! Quatorze nouvelles histoires inédites sont au programme, à l’exception de « Et pourtant elle tourne » de Jean-Marc Lofficier, décalque de l’affaire Galilée dans l’univers de Cal de Ter, déjà publié dans L’épopée de Cal de Ter. Si le tome 8 mettait le Nyctalope à l’honneur, c’est cette fois le Docteur Oméga, alias du célébrissime Docteur Who, qui est partiellement mis en vedette ; partiellement seulement, puisque deux nouvelles en tout et pour tout lui sont consacrées. La première, celle de Dennis E. Power, intitulée « Les nouvelles aventures du Docteur Oméga », s’articule toutefois en deux épisodes distincts : l’intrigue, qui use abondamment du royaume d’Oz, se révèle cependant assez complexe, avec une galerie de personnages qui sont loin d’être les plus évidents et connus du patrimoine littéraire. On lui préfèrera « Le Docteur Oméga à Tombstone », de Stuart Shiffman, un récit jubilatoire et débridé comme on les aime, où le Docteur doit rectifier un accroc dans la trame temporelle liée à la tentative tragique de royaume franco-mexicain : Lucky Luke, Loveless, Artemus Gordon ou Hector Servadac sont quelques-unes des figures convoquées pour ce véritable ballet feuilleton.

Parmi les autres réussites de ce volume, il nous faut absolument citer « Triple jeu » de David McDonald, qui réalise avec brio la soudure entre les expériences autour de l’Hictaner mises en scène par Jean de La Hire et celles du Docteur Moreau, avec un mélange bien dosé entre personnages connus et méconnus, et « Leviathan Creek », de Martin Gately, qui convoque les mânes de Nemo et Robur au service d’une enquête de Joseph Rouletabille en terre américaine, offrant au passage une épaisseur historique aux Dents de la mer de Steven Spielberg. Franchement décalé et singulier, « Don Camillo et l’arme secrète » de Matthew Baugh est une des premières missions de 007 face aux agents de Staline. Moins brillant, « Parricide » de Chris Nigro n’en est pas moins prenant et dynamique, se voulant la suite de « Les yeux de son père » (tome 2 de la série) avec l’affrontement entre le monstre de Frankenstein et le Fantôme de l’opéra, via le Docteur Cornélius et les Drôles de dames anticipatrices que sont les Anges de la musique. De même, « La Dame blanche de Pourville » signée Michel Stéphan séduit par une histoire bien rythmée et qui voit rassemblés Harry Dickson, Fantômas, les restes de la conspiration des milliardaires de Gustave Le Rouge et Adèle Blanc-Sec.

Sans être désagréables, d’autres nouvelles se révèlent plus anecdotiques. Il en est ainsi de « Le prix d’un service » signé Matthew Dennion, qui imagine la rencontre sans lendemain entre Arsène Lupin et le gérant du Bazar de Stephen King, ou de l’histoire proposée par Matthew Ilseman, « Le vol du Baron Gruner », dans laquelle le gentleman cambrioleur est encore au cœur de l’action, mais dont le potentiel vaut plus par son évocation que par sa concrétisation, plutôt frustrante. De même, Travis Hiltz nous emmène « Dans les caves du serpent », mais l’histoire, finalement relativement linéaire, n’est pas à la hauteur de l’originalité des personnages utilisés (en particulier le juif errant vu par Paul Féval et l’Orlando de Virginia Woolf). « L’abominable conspiration », de Vincent Jounieaux, aurait pu s’imposer comme un texte phare, de par ses jonctions entre l’Ombre jaune, Doc Ardan / Savage et Judex, si des erreurs historiques flagrantes avaient été évitées (Herriot président de la République, un boulevard Vincent Auriol à Paris en 1925, ou le NSDAP perçu comme une menace crédible la même année). Enfin, les deux nouvelles centrées sur Madame Atomos, assurément sympathiques, demeurent fort brèves : « Le plus terrible des monstres », de Matthew Dennion, la voit découvrir un des super-héros les plus dangereux de chez Marvel, tandis que Michel Stéphan s’amuse à la mettre face à face avec l’auteur du Maître du Haut-Château, une excellente idée qui aurait sans doute gagnée à être plus développée. Le plaisir est en tout cas une fois encore au rendez-vous, en attendant d’autres rencontres improbables et inattendues !


Pour commander Les compagnons de l’ombre - 10 suivez le lien vers les éditions Black Coat Press !

Messages

  • Cher Maestro,

    J’ai lu avec grand intérêt votre critique de ma nouvelle : "L’abominable conspiration" et je vous tire mon chapeau. Bravo d’avoir pointé l’anachronisme du Boulevard Auriol à Paris en 1925 ! Ce détail m’a échappé tant j’étais plongé dans le récit !

    Par contre, permettez-moi de rebondir sur vos autres critiques. Je n’ai pas dit qu’Édouard Herriot était président de la République... il était en 1925 Président du Conseil (premier Gouvernement Édouard Herriot). Par contre, il est vrai que la nouvelle prend place en novembre et que ce gouvernement a pris fin en avril... Bug ! Concernant le Parti national-socialiste ouvrier allemand, celui-ci a été fondé en 1920 et j’espère que vous ne doutez pas des pouvoirs visionnaires de notre ami Doc Savage !

    Je profite de ce message pour vous féliciter pour votre site Wagoo. Vu l’intérêt que vous portez à la SF, votre point de vue sur mon roman de SF "Le temps de la Fin" publié aussi chez Rivière Blanche serait inespéré. Aucun anachronisme dans ce texte, je vous le promets !
    Cordialement.

    • Cher Vincent Jounieaux,
      Merci d’avoir pris le temps de lire ma critique et d’y avoir répondu sur un ton amical ! Je prends acte de vos remarques, et comme je viens de recevoir aujourd’hui même Le temps de la fin, je ne manquerai pas de le chroniquer d’ici quelques semaines !
      Bien cordialement à vous,
      Maestro

    • Dépêchez-vous de lire ce roman apocalyptique avant la date fatidique du 21décembre 2012 ! Après, je ne sais pas si nous pourrons poursuivre ce sympathique échange.
      A bientôt… peut-être ! Vincent Jounieaux.

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