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Hauteville House (2e cycle)

samedi 8 décembre 2012, par von Bek

Dessin : Thierry GIOUX (1960-)

Scénario : Fred DUVAL (1965-)

France, 2008-2012

Delcourt, coll. "Néopolis"

Les deux compères Gioux et Duval ne restent pas assis sur une ancre rouillée. Quatre ans après un premier cycle de leur série Hauteville House, ils en bouclent un deuxième. Cinq volumes en quatre ans, il faut tenir le rythme.

Il faut dire qu’il ne faut pas trainer. Introduite dans l’entourage du baron Haussmann, l’agent Eglantine a été découverte et incarcérée à la Conciergerie en attendant sans doute, dure et triste fortune, de rencontrer la veuve. L’organisation républicaine et son grand-père adoptif sont prêts à tous les sacrifices pour la libérer, y compris demander l’aide du Fantôme, le maître absolu des truands de Paris. Mais celui-ci se fait cher payer : outre deux chandeliers, qui ne sauraient être anodins, il exige de USS KearsargeGavroche qu’il aille sortir l’un de ses bras droits du bagne de Nouvelle-Calédonie. Le héros ne part pas joyeux pour cette course lointaine. Il a, là-bas, quelques sombres souvenirs.

La mission n’est pas de tout repos et se complique rapidement : sa route croise celle des agents bonapartistes dépêchés là-bas en mission spéciale pour l’empire, mais aussi celle de Zelda Pickford chargée d’intercepter le navire pirate sudiste Alabama grâce au sous-marin Kearsarge. Gavroche découvre que le sbire du fantôme, tout comme les frères, ont pour mission de mettre la main sur la croix de La Pérouse, dont une récente découverte archéologique pourrait bien signifier la localisation du tombeau sur lequel on croit que le sombre océan jette le sombre oubli. Or, à celui qui possédera les chandeliers, la croix de La Pérouse et une clé entre les mains de Louis-Napoléon, reviendra le trésor de l’abbé Frollo et avec lui la science de ceux qui ont provoqué le Grand Chambardement. Pour retrouver l’un, il faut à Gavroche descendre dans une mer sans fond par

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Le Diable de Tasmanie
tome 6

une nuit sans lune et affronter son passé en la personne du redoutable et sanguinaire Diable de Tasmanie. Pour empêcher les projets du Fantôme, il faudra bien que la République et l’Empire acceptent de composer.

Ce deuxième cycle est bien plus ambitieux que le premier, qui pour le coup prend des allures d’introduction. Les deux auteurs ont suivi les lignes directrices qu’il s’étaient précédemment fixés, lèvent partiellement le voile sur le mystère des visiteurs et creusent la psychologie de leurs personnages.

Ainsi ce deuxième cycle, tout en faisant référence à des évènements historiques, comme l’expédition de La Pérouse ou la lutte du Kearsarge et de l’Alabama immortalisée par Manet, ou des personnages non moins historique comme Nadar, puise allégrement dans la galerie des personnages des romans hugoliens (Fantine, Cosette, Frollo, Valjean), non sans s’autoriser un hommage à Dumas avec l’introduction de Dantès, mais aussi un clin d’oeil plein d’humour aux Mystères de l’Ouest.

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Expédition Vanikoro
tome 7

La ligne steampunk n’est pas oubliée et le sous-marin Kearsarge en fournit une magnifique illustration en renvoyant bien évidemment au Nautilus de Jules Verne, mais si le bateau joue un rôle pendant les quatre cinquièmes du cycle, c’est pourtant les mystères de la technologie extra-terrestre qui occupe le devant de la scène à partir de Fort Chavaignac. Or ces visiteurs jouent un rôle des plus ambigus, à la fois annonciateur et source de danger.

Justement, c’est la conclusion du cycle qui est des plus surprenantes. Pas tant parce qu’elle en annonce un troisième, mais que parce que la fracture uchronique en sort élargie. Les personnages par ailleurs sont rendus plus humains, par leurs erreurs, par leur cynisme, par leurs faiblesses dont les dames ont leur part à l’image de Miss Zelda et de sa claustrophobie.

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Fort Chavaignac
tome 8

On sent bien que messieurs Duval & Gioux ont failli se laisser dépasser par l’ambition de leur propre récit. Alors que ce cycle ne devait comprendre que quatre tomes [1], il leur faudra deux volumes, paru à un même pas 8 mois d’intervalle, pour l’achever. Et encore ont-il dû se restreindre, les premières pages de Fort Chavaignac étant utilisées pour comprimer les évènements en une narration un peu étonnante d’ordinaire réservée à l’évocation d’un passé plus ancien.

Hauteville House a atteint sa maturité. Souhaitons maintenant que son récit ne se dilue pas dans une multiplication d’album dont on ne verrait la fin pour profiter d’un succès qui serait mérité. Pour l’instant le risque n’est pas à l’ordre du jour et c’est au lecteur de profiter d’une série uchronique originale parmi toutes celles qui fleurissent ces derniers temps.


[1cf. la fin du troisième qui annonce Le tombeau de l’abbé Frollo comme quatrième tome.

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