Accueil > TGBSF > B- > Baal ou la magicienne passionnée

Baal ou la magicienne passionnée

suivi des Amantes du diables

samedi 12 janvier 2013, par Maestro

Renée DUNAN (1892-1936)

France, 1924 & 1929

Black Coat Press, coll. "Rivière blanche", 268 p.

ISBN : 978-1-61227-138-5

De Renée Dunan, nous avions déjà chroniqué le bien oublié La Dernière jouissance, qui apparaît pourtant comme un roman merveilleux scientifique particulièrement intéressant. Brian Stableford, dont on connaît l’érudition, a décidé de sortir de l’oubli deux autres œuvres de cette auteure dont la vie demeure en grande partie dans l’ombre : Baal ou la magicienne passionnée, sous-titré Livre des ensorcellements, paru initialement grâce à la médiation de Théo Varlet en 1924, et Les Amantes du diable, qui date pour sa part de 1929.

A priori, on est avec Baal en plein fantastique, d’autant que Palmyre, la sorcière, est capable de modifier les sentiments d’un être pour un autre, en plus d’être dotée de vastes pouvoirs de télékinésie. Oui, mais voilà : les nombreuses discussions théoriques qui occupent une bonne partie du début du roman rapprochent davantage Baal du Voyage au pays de la quatrième dimension de Gaston de Pawlowski. Renée Dunan imagine en effet des univers parallèles au nôtre, dotés de dimensions supplémentaires, et dont on peine à pouvoir concrétiser l’image de leurs éventuels habitants. Cette apparition d’un poulpe qui ne serait que le reflet déformé d’un de ces autochtones est une des scènes les plus fortes de Baal, se rapprochant sur ce point précis des créations de Lovecraft. On retrouve également cet attrait que Renée Dunan éprouve vis-à-vis de l’érotisme, puisque Palmyre postule que l’acte sexuel, incarnation de l’amour physique, serait la source de l’énergie vitale de ce multivers ; se devine également une certaine critique de la pudeur, et par là même un éloge de la libération sexuelle. Au-delà de ce début alléchant et d’un final qui renoue avec le même esprit, Baal n’est malheureusement pas exempt de longueurs, discussions un peu trop complaisantes ou actions un rien gratuites (cette excursion dans un château médiéval en pleine découverte de la pierre philosophale).

Le second roman proposé date donc de 1929, et se révèle être un pur roman historique, visiblement très inspiré par La Sorcière de Jules Michelet et une vision noire du féodalisme. Censé se passer en un début non délimité avec précision de l’époque moderne, on y suit l’histoire de Babet, une jeune et misérable paysanne, qui se voit contrainte de conclure un pacte avec le diable via un sorcier local afin de sauver la vie de son mari, arrêté puis torturé car soupçonné de braconnage sur les terres de son seigneur. Les nombreux rebondissements de l’intrigue, rencontre d’un gentilhomme parisien, attaque d’un château voisin, sont émaillés de scènes de commerce avec le démon, sabbat et messe noire. Toutefois, l’originalité de Renée Dunan tient à ce qu’elle ne postule à aucun moment la réalité de l’existence du diable, laissant entendre que Babet se serait simplement laissée convaincre de la réalité d’une protection diabolique, sorte de méthode coué qui lui aurait insufflé confiance en elle et assurance, gages d’une émancipation partielle de sa condition. Si Les Amantes du diable est finalement moins notable que Baal, la sortie de l’oubli de cette auteure tout sauf mineure qu’est Renée Dunan mérité d’être saluée à sa juste valeur.


Pour commander Baal suivez le lien vers les éditions Black Coat Press !

Un message, un commentaire ?

Forum sur abonnement

Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d'indiquer ci-dessous l'identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n'êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.

Connexions'inscriremot de passe oublié ?