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La Fin des temps, et après

samedi 23 avril 2016, par Maestro

Dominique DOUAY (1944-)

France, 1990

Denoël, coll. "Présence du futur", 288 p.

Après une production imposante dans les années 70, aussi bien par sa quantité que par sa qualité, Dominique Douay a réduit la voilure dans les années 80, pour cause d’implication plus intense dans la gouvernance de la gauche. Il est d’autant plus appréciable de redécouvrir, avec ce roman, les problématiques qui ont fait le succès de Strates ou La Vie comme une course de chars à voile

Martin est un personnage abimé, sortant tout juste d’une profonde dépression consécutive à une rupture amoureuse. Doutant de lui, il est pourtant le passe-temps, à la célébrité inversement proportionnelle à son moral. Dans ce monde d’un proche avenir, la découverte d’un passage à Lyon par Serge Filleul a en effet conduit à la découverte d’une autre dimension, la PH ou protohistoire : des paysages mêlant les époques et les styles, des architectures baroques et surréalistes s’étendant hors de l’espace euclidien. En leur sein, des bulles, c’est-à-dire des séquences du passé comme prises dans l’ambre, mais mobiles sur une durée relativement courte. A priori infranchissables, la pellicule qui entoure ces reproductions d’antan (à moins que ce ne soient de véritables ouvertures sur le passé) a été traversée par Martin, devenu dès lors le passe-temps. De retour à Lyon, véritable cœur du monde, il est confronté à des enjeux géopolitiques qui le dépassent, croisant l’ONU, les Américains, les services secrets français ou un nouveau riche comme Achille Perez. C’est en travaillant pour ce dernier qu’il va découvrir une bulle singulière, plus grande et plus longue que les autres. Son étude débouche sur un véritable basculement du monde, des passages s’ouvrant en de plus en plus d’endroits, incitant une partie croissante de la population à émigrer dans la protohistoire…

Il y a de L’année dernière à Marienbad dans ce roman, fort de visions troublantes, typiquement post-modernes dans leur confusion des genres et des époques, et toujours le doute sur la réalité, sur sa solidité tellement fragile. L’individu, ici, est comme noyé dans des luttes d’influence qui le dépassent, lui qui s’attache avant tout à des sentiments simples, l’attirance charnelle de la comtesse en particulier. Et comment ne pas voir dans l’attraction exercée par la protohistoire le désir d’en finir avec un monde qui n’apporte plus l’épanouissement rêvé ? Autant d’éléments qui font de La Fin des temps, et après, une véritable ombre portée des années 68 ; ombre tout de même car l’originalité et la force de l’écriture de Dominique Douay y sont légèrement atténuées, ce qui est d’autant plus dommageable qu’il s’agit là du dernier roman publié par l’auteur avant longtemps...

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