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Scarlet Traces

samedi 9 mars 2013, par Maestro

Dessin : D’ISRAELI

Scénario : Ian EDGINTON

Grande-Bretagne, 2002-2006

Avec Scarlet Traces -littéralement Traces écarlates-, Edington et D’Israeli ont souhaité donner une suite à La guerre des mondes, Wells apparaissant d’ailleurs dans l’histoire de manière tout à fait secondaire. L’action se déroule plusieurs années après la tentative de conquête martienne, le Royaume-Uni étant devenu, en ce début de XXe siècle, la puissance dominante incontestable. Il faut dire que le pays a su mettre à profit les ressources de la technologie martienne, impulsant une accélération fulgurante du progrès. Londres est désormais une mégapole dantesque, traversée et polluée par des véhicules arachnéens, une des trouvailles visuelles les plus frappantes de D’Israeli. Au cœur de cette société steampunk, nous suivons les aventures de deux anciens militaires, le major Robert Autumn (dont le nom est tout un programme comme fin d’une époque), en quête d’une hypothétique reconnaissance, et son serviteur, le massif sergent Currie. Le frère de ce dernier est en effet à la recherche de sa fille, partie tenter sa chance à Londres mais qui a finalement disparu sans laisser de traces. En tentant de collecter les trop rares indices disponibles, parmi lesquels des cadavres vampirisés mystérieusement ressurgis à la surface, les deux hommes vont croiser la route de mystérieux terroristes, pour finalement dévoiler une machination gouvernementale du plus grand cynisme.

Avec Scarlet Traces, c’est à un grossissement des rouages du capitalisme que l’on est confronté : le développement technologique a en effet laissé sciemment sur le carreau toute une population laborieuse devenue encore plus miséreuse (sans que l’on ne comprenne vraiment pourquoi aucune velléité révolutionnaire ne se manifeste), et la révélation centrale s’impose comme une métaphore de l’exploitation capitaliste. Avec les desseins spatiaux-impérialistes du gouvernement, c’est la guerre comme facteur d’unité nationale et de dérivation de la colère populaire qui est stigmatisée, permettant de « faire entrer le meurtre dans l’ère industrielle » (p.63). Le dessin faussement naïf de D’Israeli, moins propice aux clins d’œil que celui de Kevin O’Neill (on remarque toutefois Tintin, Milou et le capitaine Haddock au détour d’une case), se révèle d’une incontestable efficacité, alignant les trouvailles visuelles (les aéroplanes triangulaires). Le climax a enfin tout pour convaincre, d’autant que la fin se révèle tout à fait grinçante. Les seuls regrets tiennent à une quatrième de couverture qui en dévoile beaucoup trop, permettant aux amateurs du roman de Wells d’anticiper sur une des ficelles de l’intrigue, et au côté frustrant de ce premier épisode, qui se termine par le lancement de l’invasion de Mars par la Terre. Les années écoulées depuis la parution ont d’ailleurs de quoi susciter l’inquiétude quant à une éventuelle traduction française de la suite…

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