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Farlander
samedi 25 mai 2013, par
Col BUCHANAN (1973-)
Irlande du Nord, 2010
Bragelonne, 2011
Un livre de fantasy me semble reposer souvent sur une recette simple : le héros ou les héros appartiennent à une profession - une classe dirait un rôliste - choisie parmi une liste assez restreinte, car après tout un cuisinier part rarement à l’aventure, mais c’est le monde dans lequel il évolue ou les méthodes de sa profession qui apportent leurs touches d’originalité.
Dans Farlander, les héros sont des assassins : l’un, Ash, est un maître, vieillissant et malade, l’autre, Nico, son apprenti. Pas n’importe quels assassins cependant : l’ordre des Roschuns auxquels ils appartiennent vend sa protection sous forme de fruits dont une moitié demeure au monastère. Quand le porteur du fruit décède, les deux moitiés meurent aussi quelle que soit la distance qui les sépare. Il revient aux Roshuns de venger le mort dans le cas d’un meurtre. En fait le porteur, en exhibant son fruit, promet la mort à ceux qui le tueraient. Il y a de quoi faire réfléchir. Avouons que l’idée est aussi élégante qu’astucieuse. Seulement, quand le meurtrier s’avère être le fils de la matriarche du Saint Empire de Mann, une théocratie qui a entrepris d’imposer sa sanguinaire loi religieuse sur tout le tour de la mer et qui assiège depuis 10 ans la patrie de Nico, les problèmes commencent.
Avouons que le fonctionnement de l’ordre Roshuns est aussi astucieux qu’élégant et innovant. Ce n’est cependant pas le seul point par lequel Farlander se distingue des autres romans de fantasy. Ainsi, il est rare de trouver un héros, qui en plus d’être âgé, s’avère noir et gravement malade. Le titre du livre fait explicitement référence à son origine : Ash vient d’un pays lointain qu’il a quitté poussé par de tragiques événements.
Qui plus est, le monde dans lequel évolue les protagonistes n’est pas dénué de technologie : les armées connaissent la poudre explosive et donc utilise artillerie et arme à feu ; certains navires sont équipés en dirigeables et, en ce qui concerne la civilisation mannienne, il semble bien que cette dernière connaisse une évolution qui rappelle l’industrialisation avec l’utilisation d’un équivalent au charbon et bâtisse de grandes tours à l’aide de ciment et d’infrastructure métallique. Autant dire que si l’histoire relève bien de la fantasy, certains thèmes qui pointent à l’horizon mais ne sont pas explicitement abordés, appartiennent à la science-fiction, notamment au steampunk. En bref, il y aurait dans Farlander un embryon de critique de l’industrie. La suite, Entre chien et loup, en dira peut-être davantage.
A condition de la lire, car, en dépit des événements graves qui surviennent, et de la longueur moyenne de l’ouvrage, j’ai trouvé que le récit manquait de rythme. Sa conclusion, qui n’est pas une fin, ne m’a pas laissé affamé au point de me jeter sur la suite. Il manque un je-ne-sais-quoi d’indéfinissable, sans doute une simple porte entrouverte qui laisserait apercevoir ne serait-ce qu’un bout d’un plan ou d’une intrigue beaucoup plus vaste, et donc pousserait à lire Entre chien et loup. Peut-être un autre jour...