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Dimension super-héros 2

samedi 20 avril 2013, par Maestro

Romain D’HUISSIER et Julien HEYLBROECK

France, 2013

Black Coat Press, coll. "Rivière blanche", 390 p.

ISBN : 978-1-61227-173-6

Après un premier volet paru en 2011, et un roman haletant, Hexagon : Matière noire, signé Romain D’Huissier qui prenait place dans le même univers, les personnages super-héroïques du groupe Hexagon et ceux qui gravitent autour sont de retour dans des aventures inédites, à l’exception de l’amusante nouvelle de Jean-Marc Lofficier, « Dragut et le serpent de mer », publiée dans Les Compagnons de l’ombre.

Le plus grand nombre d’auteurs -presqu’une vingtaine- témoigne du succès de cette seconde jeunesse d’un monde imaginaire né en Europe, et nous permet de retrouver ou de découvrir certaines figures emblématiques. Le Lys noir, membre d’Hexagon, est ainsi au cœur de « Affaires de famille », d’Amaury Fourtet, une habile variation partant du passé de la famille de Merignan pour se prolonger de nos jours, avec un complot relativement classique mais très efficacement mené. Ghislain Morel a lui jeté son dévolu sur Aster, un extra-terrestre hanté par le risque d’extinction de son espèce, et qui se sort habilement dans « Déliquescence programmée » d’une machination d’un de ses plus grands ennemis ; dommage toutefois que cette idée de planète-musée ne soit pas plus développée ! Romain D’Huissier fait de nouveau des étincelles avec « Le dieu incomplet », une nouvelle très rythmée, centrée sur deux des membres emblématiques d’Hexagon, Jeff Sulivan alias l’Homme d’airain et Dominik Nero alias le Pilote noir, dont l’ennemi présente l’originalité de résulter d’équations erronées touchant à la nature même de l’univers. Enfin, la nouvelle conclusive du recueil est particulièrement frappante. « Valeurs », de Raphaël Lafarge, décrit en effet comment un super-héros au service de la justice, ici Golden Boy, peut basculer du côté de ses ennemis, sublimé par le Grand Mental, sorte d’esprit du totalitarisme : on est loin ici du manichéisme dans lequel il était possible de basculer, et le récit, poignant, donne envie de lire d’autres histoires mettant L’Autre en scène.

Quant à Matthew Dennion, dans « Le cratère de la mort », il rend un hommage appuyé et sympathique aux films de zombis, croisés ici avec le Lovecraft de « La couleur tombée du ciel », via le génial professeur Quanter. On retrouve cette dimension proche des pastiches et multipliant les références transtextuelles avec Robert Darvel, habitué du genre dans ses fascicules du Carnoplaste : « Les onze mille gorges de l’océan » est débridé à souhait, avec ses créatures mi-humaines mi-aquatiques, son méchant que l’on croirait tout droit sorti de l’univers du Nyctalope, et ses visions délirantes de fin du monde, au sein desquels le héros, Daniel Cluny alias le Roi des profondeurs, est finalement l’être le plus simple. De même, Nelly Chadour insère Morgane, l’incarnation contemporaine de la fameuse magicienne du cycle arthurien, dans l’imaginaire foisonnant du Shakespeare du Songe d’une nuit d’été au sein du bien nommé « Songe d’une nuit de fées », aussi dense qu’entraînant.

On peut par contre être un peu déçu à la lecture des textes de Frank Schildiner, Blanche Saint-Roch et Artikel Unbekannt. « Le chant de nuit du voyageur » a beau mettre en scène le charismatique Stormshadow, shaman du peuple du crépuscule, sa confrontation avec des vampires tourne rapidement court faute de combattants à la hauteur. « Créatures, crépuscule et associées » voit deux femmes garous, la pimpante Roxy et la plus classieuse Jessica Puma, tenter d’élucider le mystère d’une nouvelle drogue transmutant ses consommateurs en créatures des enfers ; le dénouement de l’intrigue manque toutefois cruellement d’envergure. Quant à « La tension de la stratégie », qui met en scène Wampus le métamorphe et son adversaire Jean Sten, elle se déroule dans le contexte des années de plomb italiennes, sans que cet arrière-plan d’une grande richesse ne soit autre chose qu’un décor sommaire. Dans le cas de « Des épées dans la nuit », de Travis Hiltz, son évocation du passé de Galaor de Montbars nous échappe en partie, par manque de données pour les non connaisseurs, et l’intrigue à laquelle il est confronté est à la fois trop elliptique et sommaire. « Un ristretto et mourir », de Cédric Burgaud, n’est pas loin d’encourir le même reproche, puisqu’il utilise deux groupes d’aventuriers, Bathy-09 et la Patrouille des profondeurs, sans qu’on en apprenne beaucoup sur eux et leur passé, confrontés à une menace mondiale un peu trop rapidement circonscrite.

Dans le genre intimiste, qui tranche avec les enjeux cosmiques et les actions d’éclat auxquels on associe habituellement les super-héros, il convient de faire une place particulière à « La terre gaste », de [*], anthologiste du recueil cousin Dimension Super-Pouvoirs : voilà en effet un récit sobre et touchant, dans lequel Ozark, shaman amérindien, joue le rôle de catalyseur afin de rendre à un écrivain traumatisé par la perte de sa femme et de sa fille le goût d’écrire (« Quand une personne s’exprime, c’est une porte qui s’ouvre pour tout le monde », p.141). On peut en rapprocher, bien que moins marquant, le texte d’Olivier Vignot, « Les chants du clown ». Son héros, Bolas, resté grand enfant, n’est en effet qu’un simple athlète de cirque, et l’aventure qui nous est contée ne l’oppose qu’à une simple dealeuse en chef, sur fond d’un amour restant platonique.

La galerie de personnages est en tout cas plus large que dans le premier volume, puisqu’on y retrouve des héros parfois fort éloignés des canons du genre super-héroïque. C’est le cas de Barry Barrison, détective fantôme très inspiré de Sherlock Holmes et Hercule Poirot, qui, sous la plume de Philippe Pinon, chapeaute un groupe de jeunes adeptes du surnaturel afin de résoudre « Le mystère de la femme qui marche », une enquête prenante, qui pêche seulement par le mobile d’un de ses protagonistes (la nécessité d’effacer le passé d’un aïeul n’apparaît pas suffisamment évidente). Zembla, qui a donné son nom à un de ces illustrés qui firent le bonheur de plusieurs générations de lecteurs, est un alter égo de Tarzan, qui, dans « Gardes Noires », de Jean-Hugues Villacampa, doit affronter des nazis au moment de l’indépendance de son pays. Une histoire rondement menée, mais où les SS ne jouent finalement qu’un rôle proche de celui des puissances occidentales, amoindrissant leur impact maléfique. On le retrouve dans « Un village si tranquille », de Patrice Verry, où il est attiré dans un piège bien malgré elle par Joanni Bourask. Avec Kabur, décliné par Julien Heylbroeck dans « Les noces d’Olyazabad », c’est à un avatar de Conan que nous sommes confrontés, jeté ici dans une aventure relativement classique de fantasy, ville maudite, démons à affronter et belle princesse à délivrer, à ceci près que l’auteur l’agrémente de divers clins d’œil, et qu’il surprend légèrement son monde au moment du dénouement. Une belle moisson de personnages et une grande variété de thématiques


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