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Paris Zombies

samedi 4 mai 2013, par Maestro

Philippe MORIN (1977-)

France, 2013

Black Coat Press, coll. "Rivière blanche", 204 p.

ISBN : 978-1-61227-176-7

Un Paris envahi par des morts-vivants, des scènes de démembrement et de dévoration d’humains digne parfois de la défunte collection Gore, les efforts voués à l’échec de quelques-uns pour survivre, voilà le tableau éprouvant que brosse Philippe Morin pour son premier roman. A priori, le sujet choisi n’a rien de bien original, surtout en ces temps de regain pour les zombies (voir l’étude de Julien Bétan chez les Moutons électriques).

Toutefois, au-delà de l’horreur décrite de manière fort convaincante au fil de multiples scénettes, des animaux métamorphosés aux morts-vivants se nourrissant d’eux-mêmes, en passant par des natures mortes frappantes (le gardien du musée d’Orsay), Philippe Morin nous présente des survivants cherchant à s’en sortir à tout prix, des individus en proie à leurs démons ou leurs pulsions les plus inavouables. Dans ce registre, il se rapproche de la plume d’un Jean-Pierre Andrevon, à la fois très réaliste et juste dans ses portraits humains. Citons cette famille qui tente de fuir la métropole, ces jeunes filles de cité qui se lâchent dans la capitale, cette énigmatique figure d’un combattant expert aux poings américains, ou, plus marquant, cet universitaire qui se laisse emporter, à l’occasion de cette catastrophe, par son désir pour une de ses étudiantes avec qui il avait eu une liaison extra-conjugale ou ce jeune homme pris d’une frénésie hédoniste boulimique. Très bonnes idées également, que de se mettre à la place d’un de ces morts-vivants (le bref chapitre « Un battement de cœur interminable (2) »), et de présenter des prisonniers pour qui « (…) la situation est identique à ce qu’elle a toujours été. Je suis bouclé. En théorie, j’ai pris perpète. Mon unique horizon : des murs gris. Seuls les surveillants ont changé » (p.149). L’atmosphère est en tout cas très sombre, le lien social se délitant de manière quasi exclusivement négative, à l’instar de la plupart des romans post-apocalyptiques, et « Le monde, enfin » du même Andrevon apparaît par comparaison comme idyllique.

Ne peut-on d’ailleurs aller jusqu’à voir, dans ce Paris Zombies, où l’origine de l’épidémie n’est jamais explicitée, une métaphore de notre société néo-libérale, où chacun doit être meilleur que son prochain, où la compétition économique suscite régulièrement des drames, et où l’individualisme prime sur le sens du collectif ?


Pour commander Paris Zombies suivez le lien vers les éditions Black Coat Press !

Messages

  • Merci beaucoup pour cette longue critique enthousiaste. Le rapprochement avec Jean-Pierre Andrevon est extrêmement flatteur et me touche vraiment, d’autant plus que Le Monde enfin, que vous citez dans cette chronique, est un roman post-apocalyptique que j’apprécie énormément.
    Enfin, votre conclusion permet d’appréhender Paris Zombies d’une façon très moderne et - malheureusement - très juste.

    Merci encore.

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