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A travers temps

samedi 11 mai 2013, par Maestro

Robert Charles WILSON (1953-)

Canada, 1991, A Bridge of Years

Denoël, 2010-2013

Denoël achève avec ce roman la publication en format poche des premières œuvres de Robert Charles Wilson, devenu désormais une des figures majeures de la science-fiction anglo-saxonne.

Comme son nom l’indique, A travers temps explore la thématique du voyage temporel, par le biais d’une histoire dont la substantifique moelle n’est autre que son personnage principal. Tom Winter est en effet une de ces figures que Robert Charles Wilson affectionne tant, un trentenaire déjà abîmé par la vie, que sa femme extraordinaire, militante écologiste, a quitté suite à des désaccords d’ordre éthique, et qui, après son licenciement, a un temps sombré dans l’alcool. Revenu dans la ville de son enfance, où habitent encore son frère Tony et son épouse Loreen, famille conformiste s’il en est, Tom devient propriétaire d’une petite maison isolée dans les bois, sur les hauteurs de Belltower, dans l’Etat de Washington. Il découvre très vite que son nouveau domicile est la proie de phénomènes inexpliqués, avant de comprendre qu’il s’agit en fait d’une sorte de station relais permettant de plonger dans le passé. Tom s’en sert alors pour refaire sa vie, mais à New York, en 1962. Il est toutefois rattrapé par son futur, en la personne d’un déserteur de la fin du XXIe siècle, désireux de l’éliminer car voyant en lui un voyageur temporel à sa recherche.

Dès le début de A travers temps, l’ombre tutélaire de Clifford D. Simak, celui de Au carrefour des étoiles en particulier, est palpable. On y retrouve le même type d’atmosphère rurale, profondément humaniste, la même empathie à l’égard de formes de vie autres, et la même nostalgie à l’égard d’un temps où les valeurs étaient plus stables, la vie moins noire. Toutefois, la morale finale du roman tient plutôt en une résignation à l’égard du présent, qu’il convient d’affronter, vaille que vaille (« Pas d’Eden, pas d’Utopie, seulement ce qu’on peut toucher et le fait de le toucher », p.381). L’histoire est relativement classique, avec juste ce qu’il faut d’éléments alléchants susceptibles de séduire les amateurs d’histoires temporelles. On retrouve ainsi les lointains représentants d’une humanité future, ici totalement modifiés par les nanotechnologies, à l’origine d’une sorte de guilde du temps, très inspirés par La Patrouille du temps, mais également de mystérieux fantômes temporels (ombres de nos ultimes représentants sur Terre ?), une vision du voyage dans le temps en partie originale, et quelques visions de notre futur plutôt sombres (le réchauffement climatique y est central, tout comme dans son contemporain d’Ayerdhal, Demain, une oasis). Enfin, le coup de théâtre final est un habile traitement de ces boucles temporelles chères aux afficionados du genre.

Robert Charles Wilson est surtout plus que jamais fidèle à cette définition de la science-fiction proposée par Theodore Sturgeon : « une histoire bâtie autour d’êtres humains, avec un problème humain et une solution humaine, qui ne se serait pas produite du tout sans son contenu scientifique ».

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