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Nécroscope 3 : les origines
samedi 18 mai 2013, par
Brian LUMLEY (1937-)
Grande-Bretagne, 1989, Necroscope III : The Source
Bragelonne, 2009, 420 p.
Après deux tomes qui se suivaient mais avaient tendance à creuser le même sillon, Brian Lumley a décidé de poursuivre sa série du Nécroscope en changeant radicalement de cadre. Le début de ce troisième tome débute dans la première moitié des années 1980, toujours dans un contexte de guerre froide. C’est en effet la mise en place de la « guerre des étoiles » étatsunienne qui a poussé l’URSS à tester la réalisation d’un bouclier anti-missiles visant à protéger l’intégralité de son territoire. Mais l’expérimentation pratique tourne mal, et provoque l’intrusion dans notre monde d’une créature gigantesque issue d’une autre réalité. Un agent britannique, surnommé Jazz, est alors envoyé en Union soviétique afin de mieux comprendre les tenants et les aboutissants de ce projet. Il est toutefois capturé, et va devenir le cobaye involontaire du KGB en étant expédié sur une autre planète.
C’est en effet la principale innovation du roman, car un passage entre deux mondes a été créé au cœur de l’Oural du fait de cette tentative de défense avortée. Autre élément crucial, le fait que Harry Keogh, le nécroscope, ne soit pas véritablement au cœur de l’intrigue (on se souviendra que Brian Lumley est coutumier du fait, plusieurs épisodes du cycle de Titus Crow écartant carrément le personnage). La planète sur laquelle se retrouvent en particulier, outre Jazz, son ennemi intime l’agent du KGB Vyotsky et une vieille connaissance, la ravissante Zek, anciennement membre du service des ESPerts soviétiques (découverte dans Wamphyri !), est en effet l’élément le plus prenant du roman. Partie d’un système stellaire complexe, où les journées durent une semaine, elle est traversée d’est en ouest par une imposante chaîne de montagnes, au-delà de laquelle toute vie est pratiquement impossible du fait de températures plus extrêmes. Le climat plus tempéré qui règne aux abords de cette chaîne explique la présence de communautés humaines, appelées les Voyageurs. Mais le plus étonnant, c’est que ces humains s’apparentent aux bohémiens de la Terre, Lumley rejoignant ainsi le Robert Silverberg de L’étoile des gitans. L’autre forme de vie de cette lointaine planète n’est autre que celle des créatures parasites à l’origine des Wamphyri.
C’est dans les marécages localisés aux extrémités des montagnes qu’ils naissent, et de nombreuses formes de vie animales sont leurs cibles, au premier rang desquelles l’espèce humaine. Les seigneurs wamphyri habitent dans des forteresses sises dans les hauteurs, et sont perpétuellement en conflit : les descriptions de l’intérieur de ces citadelles, les évocations de certains seigneurs wamphyri ou les passionnantes réflexions sur les légendes liées aux origines des wamphyri sont d’ailleurs parmi les passages les plus intéressants de ce troisième volet du cycle. Il n’en est malheureusement pas de même pour les développements hard science autour du continuum de Möbius, peu clairs voire inutiles. Avec Nécroscope 3 : les origines, Brian Lumley signe un récit d’aventure bien mené, voire haletant une fois l’action véritablement activée, aux descriptions parfois saisissantes (cette créature mouvante du début du roman !), riche d’un climax une nouvelle fois rondement mené ; et bien que l’on puisse trouver l’originalité un peu trop corsetée par les liens très étroits entre cette autre Terre et la nôtre, ce troisième volet est peut-être le meilleur, en attendant d’éventuellement découvrir la suite de la série, Bragelonne ayant visiblement stoppé la traduction des volumes inédits pour cause de ventes insuffisantes...