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Le Préfet spécial
samedi 1er juin 2013, par
DESSIN : Stéphane CRETY (1969-)
SCENARIO : Serge LEHMAN (1964-)
France, 2013
Delcourt, coll. "Néopolis", 58 p.
Le Préfet spécial -titre un peu laborieux, au demeurant- conclut une première tétralogie qui semble déjà appeler une suite, ainsi que nous le comprenons une fois parvenus à la fin de l’album, étendant sans doute à l’échelle de l’Europe la démarche de la série. Beauregard, par l’intermédiaire des écrans (une critique implicite de leur omniprésence ?), diffuse le chaos au sein de la population de Paris Métropole, qui s’affronte et s’entre-tue sans retenue aucune, en une sinistre parodie des espoirs libérateurs de Mai 68.
C’est donc le moment de l’affrontement direct entre Beauregard, devenu possédé, et Braffort, alias l’Optimum, nouvelle incarnation des super-héros d’antan, un temps désormais revenu à la surface. Car dans la lignée de ce qui s’était dessiné dans Chimères et gargouilles en particulier, c’est à une résurgence majeure de l’inconscient collectif que nous sommes confrontés, réplique fictionnel du travail d’archéologue joué par Serge Lehman dans Chasseurs de chimères, La Guerre des règnes et bien sûr La Brigade chimérique. Sans oublier l’influence des univers super-héroïques étatsuniens, ainsi avec les armures des soldats de Beauregard, qui sont directement tributaires de celle d’Iron Man, et bien sûr avec cette image frappante du principal super-héros étatsunien, véritable symbole de cette puissance ayant surpassée la vieille Europe ; la belle scène du bas de la page 36, par contraste, est une parfaite illustration du traumatisme et de la dévitalisation que la France a connu autour de la Seconde Guerre mondiale.
Cet ultime conflit culmine dans les planches qui décrivent ce qui se passe au large de la Tour Eiffel, les pages 24 et 25 nous laissant proprement sans voix devant une iconographie d’une grande richesse, qui semble synthétiser les mythes des héros et des surhommes (on y reconnaît entre autre des allusions au Nyctalope, aux créations romanesques de Cyrano, à Arsène Lupin ou à l’homme invisible) ; de quoi autoriser un peu plus le rapprochement de Masqué et d’autres créations métatextuelles majeures, telle La Ligue des gentlemen extraordinaires.
