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GHOSTS OF MARS

... et ça repart !

jeudi 10 juillet 2003, par Maestro

John CARPENTER (1948-)

Etats-Unis, 2001

Natasha Henstridge, Ice Cube, Jason Statham, Pam Grier

Après les décevants Mission To Mars et Planète rouge, la vision que Carpenter nous propose de notre proche voisine s’avère bien plus intéressante et dotée d’une vraie personnalité. L’action, qui, première bonne idée, est présentée sous la forme de flash-backs -principalement ceux de l’héroïne, Mélanie, incarnée par Natasha " Mutante " Henstridge, contrainte de répondre de ses actes devant un simili tribunal-, se déroule au XXIIème siècle. Mars est devenue une colonie terrestre en voie de terraformation, dont la principale activité est l’extraction minière. Seconde bonne idée, le système social en vigueur est matriarcal, une originalité que l’on regrette de ne pas voir plus exploitée tout au long du film, en dehors du rôle de leader joué par Mélanie. Dans cette nouvelle frontière de l’humanité, une équipe de policiers est chargée de ramener aux fins de jugement un criminel récidiviste, James " Desolation " Williams (interprété par le rappeur Ice Cube). Arrivés dans la petite exploitation où il est provisoirement emprisonné, les cinq policiers (dont trois femmes) découvrent des bâtiments seulement occupés par des cadavres décapités et pendus, ainsi que par quelques rares survivants. Le temps pour eux de se rendre compte qu’une bonne partie des mineurs est retournée à l’état sauvage, perpétrant ces meurtres ritualisés, et le compte à rebours pour leur survie commence.

En réalité, la découverte de vestiges de constructions, dues à une ancienne civilisation martienne, a libéré, telle une nouvelle malédiction des pharaons, les esprits des précédents occupants de la planète, des reptiles belliqueux, dont le seul désir est d’exterminer ces humains envahisseurs de leur terre ancestrale... On l’aura compris, la thématique de Ghosts of Mars s’apparente en grande partie à celle du bon vieux western, un genre auquel Carpenter avait déjà rendu hommage dans Vampires. A travers les Martiens, seulement équipés d’armes blanches, ce sont les Indiens qui affrontent les cow-boys, policiers lourdement armés déposés par un train, qui déciment des hordes entières d’adversaires, clin d’œil ironique aux westerns les plus caricaturaux... Quant à la violence dont font preuve les autochtones, on peut y voir une transposition de la violence qui accompagne bien des processus de décolonisation.

Reste qu’au-delà de cette dimension idéologique sous-jacente, le but de Carpenter est avant tout d’offrir un film d’ambiance et d’action bien ficelé, un pari globalement rempli. L’atmosphère oppressante de l’avant-poste minier, et la présence de ces esprits martiens à la recherche d’un hôte, évoquent ainsi fortement l’huis-clos de The Thing. Quant aux scènes de combat, elles portent bien la marque de fabrique de Carpenter, avec ce qu’il faut d’effets gore, sans excès, relevés par une musique à la fois répétitive et percutante, là aussi voisine de celle de Vampires. Pied de nez à la pensée unique, Carpenter base la lutte pour la survie dans ce far-west d’anticipation sur l’alliance de circonstance entre les policiers et les truands, symbolisée par le duo Mélanie / James, démontrant ainsi la proximité de leur fonction respective (un questionnement de la morale traditionnelle renforcée par le fait que Mélanie se drogue). D’autant que comme souvent avec Carpenter, le film se termine sur une note de pessimisme cynique, rapide coup de griffe à la rapacité du système capitaliste. Un bon film de série B donc, mais qui malgré ses qualités, manque de la profondeur de L’antre de la folie ou de Prince des ténèbres.

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